LA RENAISSANCE.
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» sieurs autres dessins, également sur papier, figurent encore dans le livre
» du R. Don Vincenzio Borghini ; ... entre autres, le dessin d’un tombeau fait
» par lui à Venise pour un doge, et un tableau des Mages qui adorent le
» Christ 0, etc. ».
Quel est le doge pour lequel Andrea Verrocchio exécuta ce dessin (dont
nous ignorons le sort ) de tombeau, je ne le saurais dire. Peut-être était-ce
1’ ébauche d’un projet pour le monument de Giovanni Mocenigo ou pour celui
de Marco Barbarigo.
Venise possède aujourd’hui indirectement un autre travail de Verrocchio
dans la planche de bronze de la Descente de Croix, donnée en 1852 par le
baron Malgrami à l’Église de S. Maria dei Carmini (v. fig. 201).
Œuvre déjà vaguement soupçonnée de ce maître et que, par une fine
analyse de comparaisons, Bode a pu définitivement lui assigner, relevant en
outre que dans le côté droit du fond sont les portraits du petit Guidobaldo
avec Federico, Duc d’Urbin, pour lequel il est par conséquent très vraisem
blable que le bronze ait été exécuté et avant 1480.
Quoique ce travail présente dans les figures antérieures certains défauts
de proportions, on n’ en remarque pas moins la composition, les gracieuses et
vives allures des anges aux côtés de la croix et l’habileté avec laquelle ont été
gradués les divers plans.
Certains critiques qui déterminent d’ordinaire l’entité des influences en
raison des répétitions ou des assimilations des sujets et des formes, comme s’il
s’agissait d’Ecoles proprement dites, verront peut-être, dans le passage de
Verrocchio à travers le domaine de 1’ Art Vénitien, comme l’apparition soudaine
et rapide d’un météore. Mais, à mon avis, ne pas reconnaître l’influence exercée
parmi nous par le chef-d’œuvre grandiose de ce maître, bien connu avant la
fusion, reviendrait à nier l’action même du milieu ou encore à refuser à la
lumière et à la chaleur toute énergie fécondante.
Et l’influence dut se manifester assurément en ranimant et en épurant
de plus en plus 1’ esprit et le goût de nos artistes, en les poussant à 1’ ému
lation, à perfectionner leur talent, à regarder plus haut, et en les excitant à de
nouvelles tentatives d’originalité.
Et c’ est bien de cette façon que la manifestent et les Victoires et les
Renommées que sculptait Rizzo sur l’Escalier des Géants, et les monuments
Vendramin et Zanetti où l’art des Lombardo, comme par un nouvel élan, atteignit
son plus haut degré.
Excepté ses services à la Monnaie, on ne sait rien de précis sur les travaux
exécutés par Leopardi antérieurement au monument Colléoni et qui, aux yeux
( 1 ) Texte It., p. 265.