SECONDE PARTIE
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cremonese • mdxx. C’est-à-dire par Scarpagnino et Lurano maçon qui fut son
associé dans d’autres travaux.
Bramante étant mort en 1514, Raffaelo Sanzio le remplaça comme archi
tecte en chef de la colossale construction de 1’ Eglise de Saint-Pierre à Rome,
ayant à ses côtés comme conseiller, outre Giuliano de San Gallo, le doctissime
âgé de plus de quatre-vingts ans. Toutefois il ne put guère T aider et partager
les prévenances et les riches émoluments que lui prodiguait le jeune Pontife
Léon X, car il mourut 1’ année suivante. Sanuto enregistrait ainsi sa perte :
1515) 5 Juillet — .... per lettere particular (da Roma) vidi etiam era morto
li a Roma frà Iocondo architetto, nominato assà in la mia historia. Era vecbio et mal
conditionato, docto et in grecho et in latin (!).
Giovanni Giocondo fit partie à Venise de la fameuse Académie Aldine
et ce fut dans cette ville qu’ il publia 1’ édition de Vitruve, plus remarquable
par les différentes illustrations graphiques que par les commentaires, dédiée
au Pape Jules II.
Personne assurément ne saurait contester au Religieux véronais, célèbre
humaniste et habile ingénieur, une influence sur le développement du culte de
l’antiquité et sur l’achèvement de la réforme architectonique que se proposait
le rationalisme érudit et scientifique qui subordonne tout à la valeur statique
et à l’effet grandiose des éléments classiques. Toutefois il ne faut pas oublier
que son influence comme architecte ne s’exerça pour ainsi dire que par voie
indirecte et sur le goût ou, mieux, sur l’éducation des mécènes plutôt que sur
l’empirisme caractéristique des maîtres contemporains. Il ne leur offrit pas la
démonstration efficace ou l’exemple de la théorie mise en acte, ou de la pensée
artistique devenue en réalité un monument public sur lequel la critique géné
rale peut discuter et dont elle peut tirer la matière d’applications importantes.
Quant aux conceptions architectoniques esquissées par lui ou dessinées
sur le papier, quand on sait que ces moyens de rendre des idées, des capri
ces, des désirs, et parfois même des songes, étaient alors familiers et très or
dinaires non seulement à tous les artistes, mais encore à tous ceux qui s’inté
ressaient à l’art, on ne peut, dis-je, en tirer sérieusement des conclusions op
posées relativement à la part qui revient à Giovanni Giocondo dans l’évolu
tion architectonique. Et d’autant plus que dans ses dessins on ne rencontre pas
certainement beaucoup de choses qui n’aient reçu d’autres maîtres la sanction
de l’expérience.
Puis, qu’ il se soit laissé entraîner par l’imagination loin des bornes im
posées par l’espace et la dépense, nous en avons la preuve caractéristique dans
son projet pour nos Constructions deRialto; là, oubliant entièrement les con
ditions de l’ambiant, il rêvait, nouveau Polifilo, à la grandeur de l’Ancienne Rome.
( 1 ) Texte It., p. 287.