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SECONDE PARTIE
quoique moins concluantes, des analogies de goût entre certaines parties des
vêtements des deux; statues sur le stéréobate du monument Tron et la dispo
sition de la draperie du buste où sont encore visibles les traces du tissu de
l’étoffe sur laquelle le calque a été fait directement. La perruque vénitienne (')
retouchée après la fonte (qui rappelle à l’esprit de Burckhardt les portraits
d’Antonello de Messine) est particularisée comme la barbe du Doge Tron
dans le susdit monument, d’une manière si réaliste qu’elle est trop naturelle
pour Briosco ; on peut en dire autant des yeux. Le sentiment du vrai qui
transpire enfin de ce portrait n’a ensuite aucun rapport avec les nombreuses
œuvres connues de cet artiste, lesquelles, en ce qui regardent la fusion, diffé
rent considérablement de ce travail par la netteté.
Pour revenir à ma parenthèse, je rappellerai de nouveau qu’ il y avait
à Venise plusieurs familles Rizzo et Riccio non patriciennes, et sur les docu
ments du XV e et du XVI e siècle figurent très souvent des Rizzo (vénitiens)
dont plusieurs exerçaient le métier d’orfèvre ( 2 ), d’autres le métier de char
pentier, d’autres de constructeur de navires. Je l’ai dit dans la première par
tie de ce travail: un maître Bartolomeo Rizzo, en 1421, conjointement avec
l’ingénieur Pecino bergamasque, restaurait à Padoue le palais della Ragione,
un Antonio Riccio architecte travaillait en 1432 à Rome ( 3 ) et d’autres de la
même famille, dès 1440, étaient établis à Venise et s’ occupaient de construc
tions ( 4 ). L’Abbé G. Cadorin cite encore les suivants: Jacopo, Marco, Andrea,
Girolamo, Alvise, Giovanni maçon et un Niccolò Rizzo tailleur de pierres ;
mais ce qu’il est plus intéressant pour moi de faire connaître, c’est qu’en 1485
un maître Antonio di Ricij taiapiera travaillait à la reconstruction du Palais
Ducal et sous les ordres d'Antonio Rixp, comme on le voit par la lettre inédite
qui suit :
1485, 12 Juillet. — Lettera a m. a bertucij, et Antonio di ricij taiapiera in
in istria, che m.° Ant.° debia vegnir a Venexia :
M.° Ant.° de ricijs et M.° bertucio lapicidijs rubinij ■— Per pini lettere de m.°
Ant.° ri%p vi e sta scritto non debiatj pinj restar degli non havendo pini de bixogno
dei vuj ma che debiati vegnir a Veniexia non volendo nui baver piu spexa. De che
non haveti voluto far mente. Al prexente veramente per questa n. a vi replichemo
che voiatj obedir a ditte lettere scritte per che intendemo vui non habiati a livrar
pini nostro soldo da poi vi e sta scritto per el ditto maistro Antonio. Siche si vui
haveti a rimagnir intendemo habiati a star a v. e spexe.
A vui M.° Bertuci vi cometemo che voiatj cum dilligentia mandar piere siano
ale soe mexure per che fin bora non trovemo le piere mandate per vuj esser di mo
rello vi esta dato le suo mexure si che cercha questo vaiali haver diligente cura, a\o
non si habiamo a doler de vuj. Appresso vi denotemo che a ser frane. 0 buxeto el qual
(12 3 4) Texte It., p. 148.