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SECONDE PARTIE
les portraits de cinq autres personnages et ensuite en 1559, près de là celle de
Fracastoro, aient aussi voulu donner un souvenir, payer un tribut de recon
naissance à un autre citoyen si illustre, qui avait jeté tant d’éclat sur la patrie
et la mémoire de ses grands hommes, tel que Giovanni Giocondo, et cela sans
faire aucune allusion à l’architecte de cette Loggia. Loggia passée sous silence
par Vasari lui-même.
Les polémiques soulevées à ce sujet entre ceux qui la voudraient dessinée
par Frà Giocondo et ceux qui l’attribuent à un autre véronais célèbre, Antonio
Rizzo, n’ont jusqu’ ici abouti à aucun résultat positif. Toutefois, s’il était per
mis de fisquer une conjecture, ce serait, à mon sens,, en faveur de Rizzo, com
me architecte et comme conseiller pour la direction des constructions, si l’on
excepte les dernières années où presque toute son activité était consacrée à la
grandiose réfection de notre Palais Ducal.
Pour en revenir, après cette longue digression, au lombard Antonio degli
Abbondi, je rappellerai que le terrible incendie de 1514 renversa également dans
l’île de Rialto l’Eglise de S. Giovanni Elemosinario, juspatronat des Doges,
fondée par la famille Trevisan et refaite sur le modèle d’Antonio Scarpagnino ( ] )
qui l’acheva dans les premières années du Dogat d’Andrea Gritti (1523-1538).
Salvatico, après avoir blâmé la pauvreté artistique des Fabbriche Vecchie
de Rialto, ajoute : « Scarpagnino se montra beaucoup plus architecte dans
» S. Jean-1’Aumônier, petite église (?) contiguë aux fabbriche ci-dessus .... Elle
» se compose d’une croix grecque sur le centre de laquelle repose une cou-
» pôle en bassin. La chapelle majeure, à laquelle on accède par cinq gradins ( 2 ),
» est flanquée de petites chapelles peu profondes. Quand on compare cette
» église avec l’ichnographie de l’église aujourd’hui démolie de S. Giminiano,
» on voit sans peine que Sansovino, auteur en partie de cette dernière, l’a prise
» pour modèle, avec cette liberté d’allures qui président aux imitations des
»hommes de génie. Selva loue les modénatures de Saint-Jean-1’Aumônier,
» mais, en vérité, je ne puis deviner le motif de son admiration, car elles sont
» tellement sèches et maigres, qu’ on les croirait 1’ œuvre d’un imitateur du
» style des Lombardi ( 3 ) ».
Eglise de S. Fantîno. L’ ordonnance générale de S. Giovanni de Rialto
diffère de celle de l’Eglise de S. Fantino; mais les éléments principaux em
ployés, les proportions, la forme et le caractère des profils et des détails ar
chitectoniques de ces deux Eglises ont de telles analogies, qu’ il faut regarder
ce dernier édifice comme exécuté en grande partie par Abbondi.
En ce qui regarde le type de la construction (v. fig. 236, 237 et 242),
(i 2 3) Texte i ti> p . 288.