LA RENAISSANCE.
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» entre l’Église et la chapelle ) lequel occupe 1’ espace irrégulier, qui reste
» entre la chapelle, et les murailles de l’Église. Cette entrée ou passage est
» un beau pentagone, non toutefois de côtés égaux, avec cinq colonnes ioniques
» cannelées à tortue sur les angles, dont le surornement soutient la coupoline
» ronde qui le recouvre. Cette chapelle ou église est une œuvre si parfaite, et
» si ornée, qu’ on la compte avec raison parmi les plus belles de la ville.
» Dans ma jeunesse je 1’ ai mesurée, et dessinée avec le plus grand soin. J’ai
» eu ainsi 1’ occasion de découvrir le lien ingénieux, et la correspondance des
» membres des parties chantournées, lesquelles en font le tour, surtout à l’in-
» térieur. Sansovino, qui .... est le seul Ecrivain, qui nous ait rappelé le nom
» de Guglielmo Bergamasco, parle ainsi de son œuvre: Più oltre si giugne a
» S. Michèle ... Di fuori délia quale (Église) si vede una ricchissima cappella fabri-
» cata di marmi dispiccata dal corpo délia Chiesa, fatta già per opera di una gen-
» tildonna délia Casa Miana, et ne fu architetto Guglielmo Bergamascho. Au dessus
» de la porte dans la façade extérieure, à 1’ Ouest, sur une ample planche on
» lit l’inscription suivante : — Margaritae Æmilianae Testamento — Matronae
» pietate insignis — Procuratores divi Marci de Citra — fide optima a fundamentis
» extruendum — curarunt — Anno MDXXX ( l ) ».
Quoique, relativement à F époque où fut dessiné le plan de la Cappella
Emiliana ( 2 ), le motif ichnographique ne soit pas absolument nouveau, puisqu'il y
avait des exemples d’autres édifices congénères polygonaux et circulaires existant
déjà depuis plusieurs années ( ainsi à Lodi, à Crema, à Pavie, à Rome et autres
villes d’Italie ), toutefois la chapelle conçue par Guglielmo dei Grigi a, dans
F ensemble de sa structure ou des principales lignes architectoniques, un ca
ractère assez original et excessivement gracieux.
Mais, malheureusement, à mesure que F on passe en revue les différents
détails, la première impression agréable se trouble et s’ évanouit pour faire
place à quelque chose qui ressemble au dégoût.
L’ œil le moins exercé constate les inélégantes proportions des ouvertures,
la minutie et la gracilité des contreforts et la plupart des modifions, parfois
même profilés sans grâce, la décoration des marbres et ornements tantôt estrê-
mement minutieuse et tantôt excessivement massive et presque partout traitée
avec peu de soin. Défauts et irrégularités qui se retrouvent surtout à F intérieur,
où aux bizarres accouplements et au type puéril des grossiers chapiteaux du
petit vestibule pentagonal s’ajoute la forme grossière des autels. Autels dont les
devants en marbre à haut relief exécutés par Giambattista de Carona,tout en accu
sant un certain sentiment et beaucoup d’imagination dans la composition ou le
groupement des figures, sont exécutés si grossièrement et d’une façon si manié
rée, qu’ ils paraissent maigres en comparaison de tant d’œuvres du XVII e siècle.
(» 2 ) Texte It., p. 293.