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SECONDE PARTIE
De la main du même maître sont encore les deux statues extérieures qui,
insipides, pour ne pas dire autre chose, rappellent surtout l’époque où il
vivait.
Enfin quant à Guglielmo Bergamasco, il y a en réalité un abîme entre
reconnaître en lui un architecte d 1 un talent non ordinaire et le compter tra i
più pregiati professori, che hanno contribuito al risorgimento delle Arti, c’ est-à-dire
au progrès esthétique de 1’ évolution classique à laquelle sans doute voulait
faire allusion Temanza.
Dans le sentier déjà nettement tracé avant lui par Tullio Lombardo, dans
la voie large où s’ avançaient triomphalement Sanmicheli et Sansovino, il ne
laisse guère de trace et ne marche guère en avant. Que dis-je ? au lieu de
viser à la mâle pureté de T art antique, il semble plutôt revenir en arrière
pour caresser encore les riants souvenirs de la jeunesse en s’efforçant de con
cilier le passé avec le présent.
Transition difficile à laquelle il voulut se soumettre sans comprendre que
l’influence exercée, même sur lui, par l’inévitable et rapide transformation
du goût, avait désormais amorti la grâce et la finesse du sentiment et de la
forme qui, d’une façon si harmonique, relèvent surtout et caractérisent les jeunes
créations de notre Renaissance.
Inférieur à Scarpagnino qui dans la grandiose Scuola di S. Rocco sut
d’une certaine et satisfaisante manière traduire en acte une conception déjà
connue, Guglielmo Bergamasco, dans le motif presque nouveau de la petite
Chapelle Emiliana, ne fit au contraire que rendre plus apparent le défaut d’équi
libre ou le désaccord en vue et les moyens pour l’atteindre.
Ce travail qui, relativement à l’hybridisme évolutif, se trouve sur la
ligne descendante de la courbe décrite par le goût esthétique, au côté opposé
de laquelle se tient la période de transition entre 1’ art du moyen Age et l’indi
vidualisme ascendant de la Renaissance, ce travail, dis-je, éveille en nous l’image
d’une femme dont la jeunesse est flétrie et qui veut encore se donner des airs
de coquette.
Guglielmo de’ Grigi, qui avait à Venise plusieurs parents, mourut en 1550,
et outre Giangiacomo (f 1572) qui exerça le même art en travaillant même
avec Palladio ( 1 ), j’ ai retrouvé trace d’un autre fils appelé Lodovico religieux
à S. Giorgio Maggiore, où il se trouvait vers la fin de 1572 (*).
J’ ai parlé de bien des monuments et de bien des maîtres ; mais si rela
tivement aux œuvres principales et même à une foule d’œuvres secondaires et
de leurs auteurs, je n’ai pu ajouter que fort peu de choses à 1’ histoire artistique
de ma chère Venise, il en est quelques autres, au contraire, dont je voudrais
P 2 ) Texte It., p. 294.