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SECONDE PARTIE
Comme on peut le conclure tant de la structure de la partie inférieure
intimement liée à la grande façade intérieure, que des détails décoratifs de
la galerie, sa construction dut être commencée encore sous le dogat de Gio
vanni Mocenigo dont une extrémité de la façade porte certainement 1’ écusson.
Et comme les caractères architectoniques des fenêtres et les deux autres écus
sons existant en cet endroit attestent qu’elle ne fut achevée que sous l’admi
nistration de Leonardo Loredan (1501-1521), j’y reviendrai plus loin, me bor
nant à appeler ici T attention de l’artiste sur le procédé original employé
pour combiner et relier les arches à ébrasement dans l’angle rentrant des
galeries (v. pl. 81, fig. 1).
Mais, au milieu de cette profusion de richesses, le point sur lequel l’at
tention de l’observateur est presque irrésistiblement attirée et peut longue
ment s’arrêter, c’est le monumental Escalier découvert des Géants. Et en eifet,
étant donné les diverses conditions du milieu, il ne serait pas possible de re
trouver et d’imaginer lieu et forme mieux appropriés et de meilleur effet pit
toresque pour ce genre de construction (P. I, fig. 11 et P. Il, pl. 147) ( ! ).
Qu’ on le contemple à distance, triomphant en pleine lumière au delà
de la sombre voûte du corridor, qu’ on le regarde de la cour, qu’on l’observe
de près, d’en bas, d’en haut, de tous les points de vue, et il éveillera et
accroîtra sans cesse l’admiration de tous ceux qui aiment le beau (v. P. I,
pl. 18, P. II, pl. 118, fig. 1 et pl. 88).
Rizzo, même dans le tracé du plan de cet escalier, fut obligé de recourir
à des expédients pour en faire, au moins d’une manière approximative, coïn
cider l’axe avec celui du corridor; et c’est pour cela qu’il dut varier les di
mensions des façades des deux corps latéraux du palier, faisant celle de gauche
en montant plus longue que l’autre d’environ 30 centimètres.
L’ escalier est divisé en deux rampes séparées par un repos : la première
compte quinze marches et la seconde quatorze, et après celle-ci vient le pa
lier ou avant-corps de la loggia ogivale élevée de quatre autres marches et à
laquelle servent d’entrée trois larges arches à plein cintre, la médiane plus
ample que les autres.
P. Selvatico écrivant à ce propos que les « trois arches semi-circulaires
»placées dans l’ordre supérieure pour interrompre cette file d’ogives, sont de
»beaucoup postérieures à la construction de l’escalier, ayant été élevées sous
» le dogat de Francesco Venier, qui porta le bonnet ducal de 1552 à 1554 » ( 2 ),
commettait, avec une double erreur de dates, le grave défaut de ne pas tenir
compte soit des armoiries ducales des Barbarigo (1485-1501) qui ornent les
douelles des arcs et une décoration des pilastres, soit des chapiteaux caracté
ristiques (v. pl. 84) et des ornements des décors, des archivoltes et des panaches.
( 1 2 ) Texte It., p. 155.