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SECONDE PARTIE
Et je dis sommaire, car dans la quantité infinie de travaux que l’on
confiait à cette heureuse époque aux maîtres déjà en vogue, il est rationnel
de comprendre la collaboration de quelques compagnons et même des élèves
qui ne pouvaient s’ exercer que dans les ateliers pour mettre en relief leur
talent naturel, afin d’atteindre à leur tour toute la personnalité de maîtres. Et je
ne parle pas de la collaboration, la plus homogène celle-là, des pères et des
fils. Et des fils, Antonio Rizzo en avait.
De l’Eve à ces anges en prière, entre ces deux œuvres extrêmes d’un
maître si original et si grand, il n’existe certainement pas de dissonances; et la
voie parcourue par lui dans son ascension ne présente pas même des bonds
tels, que sa longue et laborieuse existence renfermée dans cette période de
rapide et fébrile évolution artistique (qui avec les fils de Pietro Lombardo
touche désormais au servilisme classique) ne rende doucement accessibles.
Il me semble juste de rapprocher d’Eve plusieurs autres travaux.
On admire, dans le transept de la basilique de Saint-Marc, deux riches
eh gracieux petits autels de même forme avec inscriptions rappelant Cristoforo
Moro Duce inchlytissimo et pientissimo, et dédiés l’un à S. Paul et l’autre à
S. Jacques (v. fig. 36 et 37).
Les critiques ne sont pas d’accord sur l’auteur de ces travaux; Cicognara,
Selvatico, Burckhardt et autres se montrent disposés à les ranger parmi les
œuvres de Pietro Lombardo; par contre Raphaël Cattaneo croyait pouvoir les
attribuer à Luca della Robbia et quelques écrivains seulement les attribuent à
Rizzo, mais sans apporter des raisons sérieuses et même avec d’autres monu
ments qui certainement ne peuvent être de ce maître.
R. Cattaneo, alors qu’ ayant comme le pressentiment de sa mort prochaine
et prématurée, il se hâtait de compléter l’illustration de la Basilique, eut un jour
l’occasion de m’exprimer l’idée‘que les deux statues de Saints de ces autels
avaient été refaites dans la seconde moitié du XVI e siècle et cela en s’appuyant
sur un document en date du 12 Janvier 1561 où il est dit que le sculpteur Da
nese Cattaneo avait un crédit sur la caisse de Saint-Marc de duc. 28 g. 12 fo
fino adì 17 ottobrio 1333) per mandar a tuor doj pe%i dj marmoro a Caneva per far
due figure una de San Jacomo et laltra de S. pollo per metterle in la nostra giexia
de S. Marco, dellj qual dañarj ditto danexe ne die assegnar. Contto ('); compte qui
semble avoir été payé le premier Mars 1568. Et cette idée de Raffaele Cattaneo,
sans doute consignée par lui dans les notes succintes ou mémoires qui ser
virent après sa mort aux trop expéditifs continuateurs de la seconde partie de
l’Histoire de Saint-Marc, figure en un autre endroit de celle-ci (?) affirmée
comme un fait indiscutable par F. Saccardo qui jugea même ces statues de
style plus récent {1560).
(B Texte It., p. 160.