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SECONDE PARTIE
par suite d’ une modification apportée au plan suivant lequel tout le reste de
l’Eglise fut élevé.
Relativement aux détails de cette façade je signalerai le gracieux ornement
de la corniche qui par le galbe de la sculpture rappelle l’entrée de la pre
mière Cour si élégante de la Scuola de S. Jean-1’ Evangéliste achevée en 1481
( v. PI. 70 fig. 1 et PI. 71 ) ; la belle et très variée forme des chapiteaux, les
gracieuses bandes à festons qui, par une pensée délicate, descendent des ailerons
ou pieds-droits pour embrasser les colonnes au point où a lieu le doux amin
cissement des fûts, et enfin les originaux et divers ornements dans les dés des
piédestaux (v. PL 67 fig, 3 et 4).
Appartiennent encore aux mêmes artistes les riches et fines décorations
des larges faces inférieures du passage du milieu dans 1’ autre façade et de
même aussi les susdits décors de ce côté.
La matière avec laquelle furent exécutés tous ces travaux est, comme dans
les autres parties de 1’ Eglise, le calcaire istrien.
Je retrouve des chapiteaux et compositions de décors semblables à ceux-ci
dans la Scuola de S. Marc et spécialement dans la rangée de colonnes qui
partagent en trois nefs la vaste salle du rez-de-chaussée (v. PL 147 fig. 1).
Comme cela ressort de la série de documents que j’ ai mis en lumière,
cette partie de la Scuola (moins quelques portes) fut exécutée et élevée de
1487 à 1485» par le maître maçon Gregorio di Antonio de Padoue, par les maîtres
charpentiers Giovanni Candi et Marino di Doimo et par les tailleurs de pierres
Pietro Lombardo et Giovanni Buora lesquels travaillèrent en société ( 1 ).
Il semblerait donc que la susdite façade du Chœur de S. Michel dût
aussi être attribuée à ces maîtres; mais de même que dans la partie figurée
des décorations en question nous ne trouvons pas les caractères des travaux
exécutés ou dirigés par Pietro Lombardo seul, elles présentent au contraire
de nombreuses affinités avec les œuvres de Giovanni Buora, telles que l’entrée
de la même Scuola (v. Pl. 97, 67 fig. 5 et Pl. 138 fig. 1), les pilastres de la
porte de S. Zacharie ( v. Pl. 78 et 70 fig. 3 ) et autres détails de ce temple;
de même c’ est à ce maître et à quelques-uns de ses compagnons (ailleurs colla
borateurs de Pietro Lombardo ) que fut confiée, à mon avis, l’exécution de la
façade du Chœur pensile de S. Michel. Et cette opinion me paraît en outre
confirmée par la note suivante, note qui toutefois aurait besoin de quelque
éclaircissement : ijoi. Memoria di una portone dei Chiostri fatta da M.° Manfredi
e M.° Zuanne Buora tagliapietra ( 2 ). Il n’ est donc pas invraisemblable que ces
artistes aient été mis à l’essai un peu auparavant dans d’autres travaux.
Il y avait autrefois à Venise d’autres exemples de ce genre de sépara
tions ou cloisons construites dans les Eglises annexées aux Monastères, pour
(‘ 2 ) Texte It., p. 169.