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SECONDE PARTIE
dit da Urbino pour avoir longtemps séjourné dans cette ville, ceci peut se dé
duire à mon avis et sans peine des comparaisons des travaux congénères dans
le magnifique palais Ducal des Montefeltro, où il figure spécialement comme
centre d’un groupe d’autres illustres maîtres lombards, lesquels ensuite surent
reproduire également à Venise les mêmes merveilleuses décorations (v. Partie
II. 33 fig. î et fig. 54, 33, 56 et 57).
Ambrogio d’Urbin, qui, à mon avis, travailla en même temps et dans
notre Eglise de S. Job et à S. Michel, ne peut d’ailleurs avoir beaucoup pro
longé son séjour à Venise après -1470, car plusieurs des susdites décorations du
palais de Frédéric de Montefeltro étaient déjà terminées avant 1474, c’ est-à-dire
avant que ce splendide mécène n’ait été crée Duc.
Quant à 1’ auteur du groupe de marbre représentant la Vierge avec l’Enfant
qui se trouve sur 1’ acrotère, un peu lourd, de la susdite porte, je n’ en puis
rien dire, n’ ayant ni donnée ni élément de comparaison à ce sujet.
A part le défaut de bons rapports entre la hauteur de ce groupe et la
partie architectonique sur laquelle il est placé ( défaut rendu encore plus sen
sible par le susdit acrotère et les additions antiartistiques du parasol et des
couronnes de cuivre ), cette sculpture est remarquable, non seulement par la
manière dont les figures ont été composées, mais encore par la douce expression
de la Vierge et par la bonne et délicate draperie du manteau qui en enveloppe
T élégante figure manquant toutefois un peu de longueur dans la proportion.
Nous n’avons à S. Michel, à partir de 1477, aucune trace d’un autre des
premiers collaborateurs de Moretto, à savoir de maître Taddeo; mais il doit
certainement, comme je le dirai plus loin, avoir travaillé dans nos autres édifices,
et je crois qu’ après avoir été envoyé à 1’ Évêque de Belluno, il se rendit dans
les Marches. Et ceci me semble ressortir des différentes informations qui suivent.
Pietro Gianuzzi, dans son étude sur Giorgio da Sebenico ( 1 ), cite un maître
Taddeo qui, en compagnie des tailleurs de pierres Gaspare et Baldassare frères,
avait en 1481 exécuté la belle porte de l’Église de S. Dominique à Recanatî,
semblable à celle de S. Agostino de la même ville et qui, spécialement dans
les détails décoratifs, a des analogies avec certains travaux de notre Église de
S. Giobbe.
Dans les documents inédits publiés par le même érudit sur la Basilique
de Lorette ( 2 ) se trouvent en outre les indications suivantes: 1485, 22 Septembre
Magistro Taddeo. Domine Anioni per lo presente Bullecthino : dorrete e pagarete ad
Magistro Taddeo scarpellino Et compagni Capo Magistri delà fabrica de Santa Maria
de Loreto f. 150. Li quali denari se li dampno sopra lavoriero hanno facto et fanno
de scarpello: come sevede ordinato per Magistro faliano da Magiano et porrarsene
Debitorj al conto loro Et per lui ad Magistro Gasparino suo compagno f. 150 ... .
f 1 2 ) Texte It., p. 172.