LA RENAISSANCE. 89
minai (encore ici comme à S. Michel orné d’une espèce de large cosse can
nelée), et le mouvement des masses.
Cependant tout ce qui concourt à la façade n’a pas sa raison d’être dans
l’intime structure de 1’ édifice tout entier ; mais dérive surtout de la recherche
de l’effet soi-disant scénique. Et si les compartiments verticaux répondent
exactement aux divisions des nefs, l’élévation simple de celles-ci ne trouve
au contraire aucun lien ou correspondance avec tant d’ordres récurrents à
l’extérieur.
Malgré la diversité du style le second ordre, c’ est-à-dire celui avec niches
légèrement concaves ( l ) (lesquelles, comme je 1’ ai dit, ont quelque analogie dans
l’arc du Castelnuovo de Naples) s’accorde dans l’ensemble assez bien avec le
stéréobate élevé par Gambello ; plus indépendant, mais bon est aussi l’or
dre à colonnes, et en général prise en elle-même toute cette partie de la fa
çade, jusqu’à la troisième corniche, est bien composée et a une empreinte
d’originalité.
Mais après ce point le nœud harmonique manque et les défauts repro
chés à la façade de S. Michel à propos des petits frontons latéraux, appa
raissent ici plus saillants, c’est-à-dire agrandis par rapport à la masse plus
grande de l’édifice. Et la subdivision de la dernière partie du corps central
en deux pauvres ordres sur lesquels repose le faîte grandiose est un système
qui au point de vue esthétique ne saurait être recommandé.
Relativement aux susdits petits frontons il faut encore rappeler l’indé
pendance des grands œils dans les tympans de tout rapport d’aplombs avec
les ouvertures inférieures. Défaut qui pouvait être évité ; non toutefois sans
tomber dans d’autres inconvénients dérivant de ce type de frontispices.
Bizarre est le profil du grand entablement du troisième ordre (v. jig. 58)
et étrange est également le dernier par la suppression presque totale de l’ar
chitrave.
Dans l’ensemble toutefois les sacomes sont bons et même leurs orne
ments, comme les ovules, sont sculptés avec goût.
Parmi les décorations il faut tout spécialement remarquer la décoration
caractéristique des dernières frises composée de carrés et disques de rares
marbres polychromes alternant avec amours, animaux, paniers et vases sculptés
dans le marbre et disposés par intervalles sur un fond de pierre obscur qui,
quand tout était neuf, devait les faire encore plus richement ressortir. Ce type
de frises fragmentaires ou combinées fut encore employé ailleurs par Mauro
Coducci.
Bonnes et la forme et la facture des grands chapiteaux corinthiens et
bien variés sont ceux des pilastres à cannelures de l’ordre à niches où il faut
(*) Texte It., p. 174.