PRODUCTION ET PROPAGATION
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mesure que l’air rentre. Tous les autres fluides élastiques peuvent
servir à propager le son aussi bien que l’air, comme on peut
s’en assurer en les introduisant tour à tour dans le ballon après
y avoir fait le vide. Les vapeurs mêmes , d’eau , d’éther et d’al
cool, transmettent le son , comme je m’en suis assuré en intro
duisant dans le ballon les liquides propres à les produire ; ce
qui se faisait aisément par le moyen d’un double robinet
adapté au ballon, comme la fig. i le représente (1). C’est
pourquoi lorsqu’on veut prouver avec rigueur que le son ne
se produit point dans le vide, il faut mettre dans le ballon quel
ques morceaux de potasse caustique , afin d’absorber les vapeurs
aqueuses qui pourraient y rester, et qui transmettraient encore
le son d’une manière perceptible , quoique très-faible, à cause
de leur peu de densité.
Les fluides élastiques ne sont pas les seuls corps qui trans
mettent le son ; il se propage aussi par le moyen des corps
fluides. Car si l’on choque deux pierres ensemble sous l’eau ,
dans un étang, on entend le bruit de ce choc , même à de grandes
distances, lorsqu’on a la tête plongée dans l’eau. Franklin
assure avoir ainsi entendu le son sous l’eau à la distance d’un
demi-mille.
Enfin le son se transmet aussi à travers les corps solides. Le
mineur, en creusant sa galerie, entend les coups du mineur
qu’on lui oppose, et juge ainsi de sa direction. Si l’on se place
à Fune des extrémités d’une longue file de tuyaux métalliques ,
comme on peut le faire dans les aquéducs, on entend très-dis
tinctement les coups de marteau frappés à l’autre extrémité,
et même on entend ainsi distinctement deux sons, l’un plus
rapide, transmis parle métal, l’autre plus lent, transmis par
l’air. Nous comparerons plus loin les vitesses de ces deux sortes
de propagations ; pour le moment, nous nous bornerons à con
clure de ce phénomène, que lorsqu’on fait vibrer un corps sonore
dans le vide, il faut, pour qu’il ne produise point de son, que
ce corps ne touche point immédiatement les parois du ballon ;
(i) Voyez le« Mémoires d’Arcueil, tome a .