DES INSTRUMENS A VENT.
l3i
unissant cet artifice au mouvement des lèvres et‘à la grandeur
de l’embouchure, on va jusqu’à insérer entre les sons propres
du cor des intervalles chromatiques , et faire entendre jusque
dans la première octave des tons que l’instrument seul refuse
rait. Mais ces grandes modifications demandent beaucoup d’ha
bileté et d’exercice pour être produites avec justesse, et elles
n’appartiennent pas au commun des musiciens.
Ici, comme dans les cordes vibrantes, plusieurs vibrations
différentes peuvent coexister ensemble , et se superposer pour
ainsi dire dans la même colonne d’air ; car lorsqu’on produit un
son quelconque représenté par n, on entend résonner avec lui
tous les sons plus graves qui répondent à des nombres moindres
que n. Ce fait, qui n’avait pas échappé à la sagacité de Daniel
Bernoulli, s’est représenté dans nos expériences, et nous l’avons
vérifié de la manière la moins douteuse. C’est assurément une
chose bien remarquable que cette coexistence de plusieurs sortes
d’oscillations dans une même colonne d’air où elles ne se trou
blent nullement.
Jusqu’ici nous avons supposé que les différens modes de
vibrations d’un même tuyau étaient déterminés par l’intensité
du souffle, l’ouverture de la bouche restant constante. Mais
pour compléter cette théorie, il faut examiner particulièrement
l’effet des embouchures diverses, et apprécier l’influence de leur
ouverture plus ou moins grande.
Dans cette vue, Daniel Bernoulli a cherché à tirer un son des
tuyaux cylindriques d’une manière rigoureusement conforme à
la théorie, c’est-à-dire sans couvrir une portion de leur orifice.
Pour cet effet, il les tenait suspendus à une distance de quelques
pouces de sa bouche , et il soufflait de loin dans leur ouverture.
A la vérité, on n’obtient ainsi qu’un son très-faible et sourd;
mais pourtant avec un peu d’exercice, on parvient à le recon
naître et à l’apprécier facilement, surtout si on en cherche
l’unisson sur un piano ou un orgue bien accordé. L’orgue est
de beaucoup préférable par la facilité qu’il donne de soutenir
la durée des sons. En soufflant ainsi de loin dans un tuyau de
4 pouces de longueur, bouché par un bout , et ouvert par