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PRODUCTION ET PROPAGATION
et les vitres, en sont agités. Mais après que cette explosion a
duré un certain temps, ordinairement très-court, le bruit cesse,
et l’air rentre dans son calme accoutumé.
Cette expérience journalière nous montre que l’agitation pri
mitivement imprimée à une certaine partie de la masse d’air,
ne se transmet que successivement au reste de cette masse, de
même que les agitations produites en un seul point de la surface
d’une eau tranquille, s’étendent et se propagent successivement
à tous les points de celte surface. Mais si le résultat du phéno
mène est le même, le mode de transmission est différent. Dans
l’eau, l’ondulation est continuée par l’effet de la pesanteur des
particules soulevées qui retombent sur les plus basses ; dans
l’air, le mouvement est transmis par l’effet de l’élasticité du
fluide.
Pour plus de simplicité, supposons que l’explosion se fasse
dans une masse sphérique d’air. Au moment où elle aura lieu,
les molécules comprises dans cette sphère seront chassées et
poussées fortement sur celles qui les avoisinent. Mais celles-ci
leur opposant une résistance qu’il faut vaincre, il s’ensuit que
les premières se compriment en même temps qu’elles se dépla
cent. Celles qui les environnent, cédant en partie à leur effort,
se déplacent aussi et se compriment, mais dans une proportion
moindre, jusqu’à ce qu’enfin la compression et le mouvement
deviennent insensibles à une certaine distance du centre de l’ex
plosion. Voilà ce qui a lieu au premier instant ; mais la cause de
l’explosion ayant cessé, les molécules qui avaient été compri
mées se dilatent en tous sens par l’effet de leur élasticité natu-
jelle, et repoussent de toutes parts les obstacles qui s’opposent
à ce mouvement. Elles repolissent donc aussi les molécules voi
sines , qui n’avaient pas été ébranlées dans le premier instant,
et les compriment à leur tour. L’effet devient alors le même
pour celles-ci qu’il avait été d’abord pour les premières, et
par ces condensations et dilatations alternatives, l’ondulation
se propage successivement dans toute l’étendue de la masse
d’air, comme un choc instantané à travers une fde de billes
élastiques en contact les unes avec les autres.