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PRODUCTION ET PROPAGATION
cédaient ou qui les suivaient dans l’ordre du chant, et le chant
ainsi entendu aurait paru tout-à-fait altéré. Au lieu de cela, il
était parfaitement régulier , et conforme à sa mesure naturelle;
d’où il résulte que tous les sons se propagent avec une vitesse
égale. Cette remarque avait déjà été faite en i q38 par les membres
de l’Académie des Sciences ; j’ignore au moyen de quel procédé.
Pour faire avec succès les expériences que je viens de rapporter ,
il est absolument nécessaire de choisir les instans de la nuit les
plus calmes , comme de une heure à deux heures du matin. Dans
le jour, mille bruits confus agitent l’air extérieur, font résonner
les tuyaux, et empêchent de distinguer, ou même détruisent
les faibles ébranlemens produits par une voix basse à l’extrémité
de la colonne d’air. Aussi, dans ces circonstances , les cris les plus
forts ne sont quelquefois pas entendus.
Enfin, on peut aisément rendre sensible dans les tuyaux le
double effet des vitesses et des condensations transmises en même
temps aux particules d’air, à mesure que l’ondulation sonore les
atteint. Dans la colonne cylindrique sur laquelle je faisais me3
expériences, des coups de pistolet tirés à une des extrémités,
occasionaient encore à l’autre une explosion considérable,
lorsque l’ébranlement y arrivait. L’air était chassé du dernier
tuyau avec assez de force pour produire sur la main un vent
impétueux , pour lancer à plus d’un demi-mètre de distance des
corps légers que l’on plaçait sur sa direction, et pour éteindre
des bougies allumées ; quoique l’on fût à g5i mètres de distance
du lieu où le coup était parti deux secondes et demie aupa
ravant.
La détermination mathématique de ces mouvemens de l’air
exige des calculs beaucoup trop élevés pour que nous puissions
les expliquer ici ; mais nous allons du moins en rapporter les
résultats pour les comparer aux expériences.
On considère d’abord un milieu élastique, homogène, d’une
densité D, et d’une température constante, comprimé par le
poids d’une colonne de mercure , dont la hauteur estp, et dont
la densité est prise pour unité. On suppose qu’une portion sphé
rique de cet air, ayant pour rayon « , soit tout à coup ébranlée