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qu’ingénieuse , est parvenu à leur ôter tous les défauts qu’elles
avaient, et à leur donner les qualités qu’elles n’avaient pas.
M. Grenié fait la rigole A R, fîg. 80 , en bois ou en cuivre ,
mais à arêtes vives et en forme de parallélipipède. La languette
est une lame de laiton parfaitement plane, et coupée en forme
de rectangle de manière à remplir exactement ou presque exac
tement la face évidée de la rigole. Une rasette extrêmement
ferme et solide rr arrête cette languette à la longueur conve
nable , et fixe invariablement le point à partir duquel elle doit
vibrer. Maintenant, lorsque cette anche est montée sur le porte-
vent B C S, si l’on souffle par le trou S, l’air comprimé, ne trou
vant pas, ou presque pas d’issue entre la languette et les parois
de la rigole, pousse la languette et l’y fait entrer. Après qu’il a
passé une petite quantité d’air, l’élasticité naturelle de la lan
guette la ramène à sa position primitive ; de sorte qu’elle ferme
de nouveau le passage à l’air; mais la vitesse qu’elle a acquise
en revenant ainsi sur elle-même lui fait aussitôt dépasser ce
point, et elle s’écarte dans le sens opposé , en poussant l’air
devant elle, jusqu’à ce que la résistance qu’elle éprouve, jointe
à l’effort de l’élasticité, l’arrête et la ramène de nouveau à sa
position primitive, d’où l’air la pousse une seconde fois dans
le tuyau. Voilà le mode de mouvement le plus général que l’on
puisse concevoir ; et M. Gr'enié a bien voulu me fournir l’occa
sion de le vérifier par l’expérience, en disposant une de ses anches
dans un porte-vent de verre, de manière qu’on pouvait la
voir vibi'er. On comprend que de pareilles oscillations , lors
qu’elles deviennent suffisamment rapides, doivent produire un
son de même que les battemens des anches ordinaires , avec
la différence importante que le son aura un timbre incom
parablement plus doux , plus harmonieux , plus égal, puisque
la lame de cuivre, au lieu de battre contre du bois, du cuivre ,
ou de la peau, dont la insistance est toujours brusque et irrégu
lière , ne fait ici que refouler sur lui même un fluide parfaite
ment homogène, compressible et élastique, tel que l’air. Aussi
les anches de M. Grenié n’ont plus rien de ce ton rude et criard
qui fait le désagrément des anches ordinaires, et qui ne disparaît
pas même tout-à-fait dans les instrumens où l’anche est modifiée