DES FLUIDES AERIFOItMES.
autre gaz , il n’y a qu’à faire le vide dans le manomètre, et y
introduire ensuite ce gaz qui se répandra aussi dans le tuyau
et dans le porte-vent ; puis vissant sur celui-ci une vessie
remplie du même gaz , et ouvrant le robinet R’, on opérera
exactement de la même manière que l'on avait fait pour l’air
atmosphérique, et l’on pourra de même apprécier le son rendu
par la colonne gazeuse qtii vibre alors dans le tuyau.
Mais pour que ces expériences donnent des résultats com
parables, il faut observer deux conditions essentielles, aux
quelles les physiciens qui se sont occupés jusqu’ici de ce genre
de recherches, n’ont point fait attention ; et c’est, je crois ,
pour cela, que leurs observations ne présentent point de résul
tats bien satisfaisans.
La première consiste dans la pression que l’on exerce sur la
vessie, pour faire passer le gaz dans le tuyau où se produit
le son. Il faut que cette pression soit constante dans chaque
expérience, afin que la rapidité du courant qui en résulte
le soit aussi ; car nous avons reconnu par expérience que
l’accélération du courant fait monter le ton dans les tuyaux
à bouche. On évitera cet inconvénient par le procédé que
nous avons indiqué page 76 du premier livre, en plaçant la
vessie dans un vase plein d’air qui se remplira d’eau par un
écoulement constant. On pourrait y parvenir encore d’une ma
nière plus commode, en appliquant au tuyau même un com
pensateur que M. Grenié a imaginé , et à l’aide duquel il
parvient à rendre le son d’un même tuyau constant, quelle
que soit la force du vent qui le souffle, pourvu qu’elle ne varie
que dans les termes limités ; mais ce procédé est encore un
secret que l’auteur ne m’a pas permis de rendre public, parce
qu’il le destine à de plus importantes applications.
La seconde condition , et je crois la plus importante , con
cerne l’influence des embouchures. Nous avons vu que, lors
qu’on fait parler un tuyau à bouche, la colonne d’air qui le
remplit ne vibre pas toute entière régulièrement ; les pre
mières couches , situées vers l’ouverture par où le vent arrive,
peuvent avoir des mouvemens fort différens des autres j de
Tome II.
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