178 VIBRATIONS
sorte que la régularité ne commence qu’à une certaine pro-
fondeur. Nous avons rapporté les expériences par lesquelles
Daniel Bernouilli a mis cette influence des embouchures en
évidence, et nous avons vu comment il était parvenu à déter
miner le son qu’aurait dû faire entendre chaque tuyau donné,
s’il eût été ébranlé à plein orifice. Or, cette irrégularité de
mouvemens que manifestent les premières couches , quelle
raison avons-nous de croire qu’elle est la même dans tous les
gaz? et n’est-il pas au contraire bien probable qu’elle varie
avec leur nature , s’étendant à une profondeur plus ou moins
grande, selon leurs densités ? D’après cela, on voit que la
première opération à faire , c’est de répéter sur chaque gaz les
épi’euves que Daniel Bernouilli a faites dans l’air atmosphé
rique pour déterminer l’influence des embouchures ; ce qui
exige que le tuyau soit ouvert à ses deux bouts. Ces épreuves
donneront, dans chaque cas , les longueurs des colonnes qui,
en vibrant à plein orifice , feraient entendre les sons observés ;
et alors, mais alors seulement, la comparaison des sons pourra
se faire avec exactitude.
Supposons donc ces déterminations prises, et voyons quel
parti l’on pourra tirer des expériences. Pour cela, j’admettrai
que l’on observe, dans chaque gaz, un même ordre de vibra
tions , c’est-à-dire , par exemple, le son le plus grave de tous
ceux que le tuyau peut rendre, ou le son immédiatement su
périeur, ou un autre quelconque de l’ordre n. Pour y par
venir , et généralement pour classer les différens sons, ainsi
obtenus avec le même gaz, il n’y aura qu’à les comparer à ceux
d’un orgue bien accordé, ce qui déterminera premièrement
leurs rapports mutuels. Ces rapports doivent tous être expres-
sibles par des nombres entiers , et même par des nombres très-
simples, si l’on a soin de faire d’abord passer le courant de gaz
avec beaucoup de lenteur. Car, en représentant par 1 le son
fondamental inconnu que chaque gaz peut rendre, tous les
autres seront exprimés par 3 , 5,7, 9. .. ., si le tuyau est bou
ché , et par 2,3, 4, 5....; s’il est ouvert. D’après cela, con
naissant les rapports de trois ou quatre termes, on trouvera