SUR LA RÉSONNANCE DES CORPS.
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CHAPITRE XII.
Sur la Résonnance des corps.
En rassemblant et généralisant les faits que nous avons expo
sés dans les chapitres qui précèdent, on doit concevoir que
tous les corps, quelle que soit leur nature , s’ils sont convena
blement ébranlés, peuvent prendre des mouvemens de vibra
tions dont la rapidité, la force et la permanence dépendront
du mode d’agrégation qui unit les particules du corps vibrant,
de son élasticité plus ou moins parfaite, et enfin de sa forme,
qui établit des relations mécaniques entre les mouvemens pos
sibles de ses diverses parties. Aussi, en examinant les instru-
mens de musique des diverses nations du monde , on voit que
presque toutes les matières connues ont été employées à leur
construction.
Non-seulement cet état vibratoire , qui produit dans l’air
des ondes sonores , peut être imprimé à tous les corps par l’effet
d’un ébranlement immédiat, mais on peut encore l’y exciter
par communication, en les mettant en contact avec des corps
vibrans qui leur fassent partager leurs oscillations. C’est ainsi
que la boîte de bois sec et élastique qui forme le corps du
violon, du piano, de la harpe, de la basse, frémit et résonne
sous l’influence harmonique des cordes de ces instrumens ; et
selon que sa contexture la rend plus ou moins docile à cette
influence, elle renforce avec plus ou moins d’énergie, de plé
nitude et de justesse, le faible son que les cordes seules avaient
primitivement excité. Pour rendre ce phénomène bien sensible,
il faut prendre un diapason de fer, tel que celui qui est repré
senté fîg. 89, et qui sert à fixer le ton sur lequel les pianos
doivent être accordés ; puis , après l’avoir fait vibrer plusieurs
fois isolément, et avoir reconnu le degré d’intensité du son
qu’il excite, posez-le, eu l’appuyant, sur la caisse du piano