Full text: Traité De Physique Expérimentale Et Mathématique (Tome Second)

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SUR LA RÉSONNANCE 
qu’on fait parler ces tuyaux-là ; et le son propagé qui en ré 
sulte est souvent beaucoup plus intense que le son principal. 
On peut tirer parti de ces propriétés pour augmenter l’effet 
des orchesti'es dans les salles de spectacle, et cette précaution, 
au rapport de J. J. Rousseau, n’est pas négligée dans les théâ 
tres d’Italie. Le lieu où les musiciens sont placés est en quelque 
façon lui-même un grand instrument. Le plancher est en com 
munication, par le plus petit nombre de points possible, avec 
la masse solide de l’édifice, qu’il serait trop difficile de faire 
vibrer ; il la touche seulement par des bâtis légers, qui le tiennent 
suspendu en l’air. Au-dessous de ce plancher, il y a une voûte 
creuse, de même étendue horizontale , qui reste constamment 
vide. L’air que cette cavité renferme est mis en vibration par 
les instrumens de l’orchestre, et, comme un grand porte-voix, 
renvoie leurs sons en les rendant plus forts et plus nombreux. 
Comme il y a très-peu de distance entre chaque point d’où le 
son se réfléchit dans la cavité , et celui dont il émane , il arrive 
que les ondes réfléchies et les ondes directes parviennent aux au 
diteurs à des instans si peu différens, qu’ils n’y aperçoivent point 
d’intervalle sensible ; mais selon que la cavité résonnante est 
plus ou moins profonde, et d’une forme plus ou moins bien 
appropriée à la configuration de la salle, celle-ci en devient 
plus ou moins sonore. Au reste, de tous les défauts qui peu 
vent assourdir une salle de spectacle, ou en général un édifice 
destiné à des assemblées publiques, le pire , et assurément un 
des moins rares, c’est l’existence de grandes cavités pratiquées 
mal à propos dans ses parois, et où les ondes sonores vont s’en 
gouffrer sans pouvoir se distribuer au reste des auditeurs, si 
ce n’est par des échos tardifs et incommodes , qui ne font 
qu’affaiblir encore davantage les sons directs. 
Il pai’aît que les anciens avaient, pour renforcer et ré 
pandre les sons, des procédés qu’ils tenaient de l’expérience et 
de la nécessité où ils étaient d’avoir recours à de semblables 
ariifices pour faire entendre leurs acteurs dans des théâtres 
immenses et entièrement découverts. Il y avait , dit-on , de 
grands vases d’airain, placés dans diverses parties de l’enceinte,
	        
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