DES ÊLECTROSCOPES, 359
s’évanouit avec la cause accidentelle qui la produisait, et le
ruban blanc refroidi acquiert de nouveau l’électricité vitrée.
La teinture noire produit sur la laine le même effet que sur la
soie. Un ruban blanc sec, frotté contre une étoffe de laine
blanche, donne toujours des signes d’électricité résineuse ;
mais contre une étoffe de laine teinte en noir, il donne des
signes d’électricité vitrée.
J’ai rapporté ces idées de Coulomb, presque dans ses propres
termes. Elles sont intéressantes à connaître, venant d’un si grand
physicien. Le principe qui leur sert de base mérite d’être étudié
avec une attention particulière, d’autant plus qu’il semble s’ap
pliquer encore à un nouveau genre de phénomènes récemment
découvert par M. Libes, et dans lequel l’électricité vitrée est
développée par une simple compression. Ce physicien prend un
disque de métal qu’il tient isolé par un manche de verre, et il
le presse sur du taffetas gommé, soit simple, soit plié en plu
sieurs doubles. L’enduit dont ce taffetas est couvert est suscep
tible d’être comprimé par la pression, et c’est ainsi qu’il adhère
aux eorps dont les aspérités se moulent pour ainsi dire sur sa
surface. Il est donc, selon le principe de Coulomb, dans une
condition éminemment propre au développement de l’électri
cité vitrée. Aussi lui trouve-t-on cette espèce d’électricité lors
qu’on enlève le disque, et celui-ci possède l’électricité rési
neuse. L’effet est d’autant plus marqué, que la pression est
plus forte; il cesse, si le taffetas a perdu cette glutinosité qui
rend sa surface facilement compressible. Le frottement n’a
aucune part à la production de ce phénomène ; car si, au lieu
de presser le disque sur le taffetas, on le pose légèrement sur
la surface, et qu’on l’y promène çà et là pour le frotter , c’est lui
qui prend l’électricité vitrée, et le taffetas prend l’électricité rési
neuse : résultat inverse de celui qu’on obtenait par la pression.
Les instrumens que j’ai décrits dans ce chapitre sous le nom
d’électroscopes, ont été souvent désignés par les physiciens sous
celui d'électromètres. Mais cette dénomination est impropre ;
car la désinence (aîtçoi>, qui signifie mesure , doit être réservée
en physique aux instrumens dont les divisions mesurent immé-