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PERCEPTION ET COMPARAISON
CHAPITRE IL
De la perception et de la comparaison des Sons
continués.
jVJaintekabt que nous savons comment une agitation
subite, produite dans quelques points d’un fluide élastique, se
propage à toute sa masse, il nous sera bien facile de comprendre
comment les vibrations des corps peuvent être transmises par
l’air jusqu’à l’organe de l’ouïe, et y faire entendre un son con
tinu. Car, à mesure que les particules d’un corps vibrant vont
et reviennent dans leurs excursions alternatives, elles agissent
mécaniquement sur les molécules d’air qui les environnent ; et
si, en allant, elles les poussent et les compriment, en revenant
elles leur ouvrent un vide où elles peuvent se dilater. C’est
pourquoi les particules d’air contiguës au corps sonore iront
aussi, et reviendront tour à tour comme lui par des vibrations
pareilles ; elles agiteront donc à leur tour les molécules d’air
qui les avoisinent, celles-ci en agiteront d’autres, et ainsi de
suite à l’infini.
Pour nous faire une idée nette de cette transmission , consi-
dérons-la d’abord dans une colonne d’air cylindrique , de
densité uniforme et isolée de toutes parts , telle que AO , fig. 3.
Supposons que le corps sonore soit une surface plane qui vibre
perpendiculairement à cette colonne, en sorte que CC C'C' repré
sentent les limites de ses excursions ; et désignons par T le temps
très-court qu’elle met à passer d’une de ces positions à l’autre.
Pour ramener l’effet de ces vibrations à celui des éhranlemens
instantanés , que nous avons traité d’abord, divisons par la pen
sée leur étendue totale A A' en une infinité de petites lames d’air
que nous supposerons être ébranlées les unes après les autres,
mais chacune en un instant infiniment petit. Alors, la surface
vibrante partant du point A , le premier ébranlement sera pro