446 DE L ÉLECTRICITÉ ATMOSPHÉRIQUE
c’est-à-dire soixante-deux mille fois aussi forte que sur le,
nuage; et comme la pression exercée contre l’air est propor
tionnelle au carré de l’épaisseur de cette couche , elle sera
presque quatre milliards de fois aussi forte à l’extrémité du
cylindre que dans le nuage même. D’après cela, faut-il s’étonner
que dans des circonstances où l’orage paraît peu considérable ,
il s’élance de si terribles étincelles de cette extrémité du fil ?
La seule description de ces expériences montre qu’elles ne
doivent être tentées qu’avec une prudence extrême. On conçoit
qu’il ne faut pas tenir soi-même à la main la corde conductrice.
C’est pourquoi, lorsqu’on lance le cerf-volant, ce qui exige
ordinairement que l’on prenne et que l’on dirige cette corde, il
ne faut jamais le faire quand l’orage est déjà déclaré. De plus ,
afin de n’être pas exposé à la toucher pour la développer,
M. Charles l’enroule sur un cylindre qu’il fait tourner par une
manivelle composée de substances isolantes ; ce cylindre lui-
même est monté sur quatre piliers de verre qui l’isolent. Aussi
long-temps que l’on file la corde, on établit une communication
entre le sol et le cylindre, par le moyen d’une chaîne qui va
aboutir à de gros piquets de fer enfoncés dans la terre humide.
Veut—on commencer les expériences , on détache cette chaîne du
cylindre , et l’appareil se trouve isolé. Mais il faut alors s’en
tenir plus éloigné que ne le sont les piquets de fer ou en général
les corps conducteurs les plus voisins, afin que s’il surve
nait une décharge, elle se portât de préférence sur eux. Celui
qui négligerait toutes ces précautions, en serait infailliblement
la victime, comme le fut Richmann, professeur de physique à
Saint-Pétersbourg, qui, ayant introduit dans l’intérieur de sa
chambre la partie inférieure d’une barre qu’il avait élevée
pour observer l’électricité de l’atmosphère, fut frappé d’une
explosion subite , et trouvé mort à côté de son appareil.
Une fois qu’il est bien constaté que la foudre est une explo
sion électrique, on ne peut douter que l’électricité d’un nuage
orageux ne puisse , comme celle de nos machines, être consi
dérablement affaiblie par l’action des pointes. Cette consé
quence , comme nous l’avons dit $ n’échappa point à Franklin ;