Full text: Traité De Physique Expérimentale Et Mathématique (Tome Troisième)

SUR LES FORCES RÉFLÉCHISSANTES. 
rence, l’expérience prouve qu’elle ne dépend pas de la densité 
seule ; car nous verrons bientôt des milieux aussi denses que 
d’autres, ou même moins denses, et qui agissent sur la lumière 
avec plus d’énergie. Tout cela est conforme au cours ordinaire 
des phénomènes ; car si l’action des corps sur la lumière et de la 
lumière sur les corps est analogue aux affinités chimiques, ii 
est naturel qu’elle dépende de la nature chimique des particules. 
D’après ce que nous venons de dire, on conçoit qu’il doit 
être possible de former artificiellement des milieux hétérogènes, 
dans l’intérieur desquels il ne se produise pourtant aucune 
réflexion. C’est ce qui a lieu, par exemple , quand on colle l’un 
à l’autre deux morceaux de verre au moyen d’une couche 
d’huile de térébenthine épaissie; car si la jonction est bien faite, 
on n’aperçoit point du tout la surface de séparation des deux 
verres, et il ne s’y fait aucune réflexion. L’huile de térében 
thine agit donc dans cette circonstance comme le verre lui- 
même; aussi est-il indifférent que les surfaces par lesquelles 
les verres se regardent soient polies ou dépolies. Dans ce dernier 
cas, le liquide remplissant toutes leurs cavités, y remplace les 
particules de verre qui manquent, et leur donne un poli plus 
parfait que celui de l’art. On a un autre exemple de cette pro 
priété, en jetant dans de l’huile d’olive des morceaux irrégu 
liers de borax ; car ces morceaux, à cause de leurs inégalités et 
du défaut de poli de leur surface, ne transmettent pas réguliè 
rement la lumière lorsqu’ils sont plongés dans l’air; mais ils 
deviennent parfaitement limpides quand ils sont plongés dans 
l’huile d’olive, parce qu’elle compense toutes leurs inégalités; 
et il se fait si peu de réflexion à la surface commune de ces 
deux substances , qu’on a peine à distinguer les limites de leur 
séparation. 
On conçoit donc qu’un corps transparent par lui-même 
pourrait l’être beaucoup moins, et même devenir opaque, si 
l’on éloignait ses particules les unes des autres, et qu’on insi 
nuât entre leurs interstices un milieu dont l’action sur la 
lumière fût différente. C’est ce qui arrive, par exemple, dans 
les liquides diaphanes que l’on fait mousser en y introduisant
	        
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