SUR LES FORCES RÉFLÉCHISSANTES.
rence, l’expérience prouve qu’elle ne dépend pas de la densité
seule ; car nous verrons bientôt des milieux aussi denses que
d’autres, ou même moins denses, et qui agissent sur la lumière
avec plus d’énergie. Tout cela est conforme au cours ordinaire
des phénomènes ; car si l’action des corps sur la lumière et de la
lumière sur les corps est analogue aux affinités chimiques, ii
est naturel qu’elle dépende de la nature chimique des particules.
D’après ce que nous venons de dire, on conçoit qu’il doit
être possible de former artificiellement des milieux hétérogènes,
dans l’intérieur desquels il ne se produise pourtant aucune
réflexion. C’est ce qui a lieu, par exemple , quand on colle l’un
à l’autre deux morceaux de verre au moyen d’une couche
d’huile de térébenthine épaissie; car si la jonction est bien faite,
on n’aperçoit point du tout la surface de séparation des deux
verres, et il ne s’y fait aucune réflexion. L’huile de térében
thine agit donc dans cette circonstance comme le verre lui-
même; aussi est-il indifférent que les surfaces par lesquelles
les verres se regardent soient polies ou dépolies. Dans ce dernier
cas, le liquide remplissant toutes leurs cavités, y remplace les
particules de verre qui manquent, et leur donne un poli plus
parfait que celui de l’art. On a un autre exemple de cette pro
priété, en jetant dans de l’huile d’olive des morceaux irrégu
liers de borax ; car ces morceaux, à cause de leurs inégalités et
du défaut de poli de leur surface, ne transmettent pas réguliè
rement la lumière lorsqu’ils sont plongés dans l’air; mais ils
deviennent parfaitement limpides quand ils sont plongés dans
l’huile d’olive, parce qu’elle compense toutes leurs inégalités;
et il se fait si peu de réflexion à la surface commune de ces
deux substances , qu’on a peine à distinguer les limites de leur
séparation.
On conçoit donc qu’un corps transparent par lui-même
pourrait l’être beaucoup moins, et même devenir opaque, si
l’on éloignait ses particules les unes des autres, et qu’on insi
nuât entre leurs interstices un milieu dont l’action sur la
lumière fût différente. C’est ce qui arrive, par exemple, dans
les liquides diaphanes que l’on fait mousser en y introduisant