584 DÉCOMPOSITION DE LA LUMIERE.
verticale ; admettons de plus que le sommet de l’angle réfrin
gent du prisme soit tourné vers le haut, comme le représente la
figure 122. Enfin, plaçons au-delà de l’objet un drap noir, afin
d’éviter que ses rayons soient mêlés de lumière étrangère ; dans
ce cas , le bord inférieur de l’image parait constamment bordé
en rouge, le bord supérieur est bordé de bleu et de violet.
Si l’on observe ainsi un corps blanc très-mince, par exemple,
line épingle blanche, un fil d’argent ou de soie blanche, une bande
de papier blanc très-étroite, fig. i a3 , placés, sur un fond noir ,
parallèlement aux arêtes du prisme, et si celui-ci est suffisamment
réfringent, on n’aperçoit plus du tout de blanc dans l’image s s' ;
mais elle se trouve entièrement divisée en zones parallèles de
couleurs différentes , parmi lesquelles on distingue surtout fa
cilement trois teintes distinctes , le rouge en bas , le bleu en
haut, et le vert au milieu (i). Quelle que soit la nature des
substances dont on observe ainsi les images, pourvu que ces
substances soient blanches , elles donnent, étant vues à travers
le prisme , exactement les mêmes séries de couleurs ; et si leurs
dimensions sont égales , il est absolument impossible de les dis
tinguer
Cherchons à analyser ce phénomène , et à voir les consé
quences auxquelles il conduit. D’abord la première circonstance
que nous devons remarquer, c’est la dilatation que l’image
éprouve dans le sens de sa hauteur. En effet, si l’objet était
une ligne droite mathématique sans largeur sensible , et si tous
les rayons lumineux qui en émanent se réfractaient suivant la
même proportion du sinus de réfraction au sinus d’incidence,
la figure de l’image réfractée devrait être aussi une ligne droite
sans largeur; et quoiqu’on ne puisse pas rigoureusement amin-
(i) Pour bien faire cette expérience, il faut se servir d’un prisme de
fliutglass dont l’angle réfringent toit au moins de 60®. Alors les zones sont
parfaitement colorées, tranchées et distinctes. A défaut d’un pareil
prisme, on pourrait en former un avec deux glaces inclinées l’une à
l’antre d’environ 6o° ou davantage, et entre lesquelles on verserait de
l’eau pure ou saturés d’acétate de plomb, afin d’augmenter sa force ré
fringente.