SgS DECOMPOSITION DE LA LUMIÈRE,
miles une faible teinte qui était "violette à l’une , et rouge à
l’autre; mais comme ees faibles teintes pourraient être attribuées
à quelques inégalités des prismes , elles ne sont point comprises
dans les mesures précédentes. Puis donc que les mesures, ainsi
limitées, donnent encore à l’image une longueur cinq fois aussi
grande que sa largeur, il en résulte, avec évidence, que la dis
persion des rayons est bien certaine , et ne tient pas à quelque
erreur ou à quelque cause accidentelle, mais à une inégalité
dans leur réfrangibilité.
Newton répéta encore cette expérience d’une autre manière :
il regarda à travers le prisme l’image du trou, et il observa
que sa longueur, formée par la série des rayons réfractés, égalait
plusieurs fois sa largeur. Il vit de plus que la partie de cette
image qui était formée par les rayons les plus réfractés pa
raissait violette, et que la partie formée par les rayons les
moins réfractés paraissait rouge, résultat conforme à celui de
l’expérience précédente, et qui indique également qu’il existait
des rayons inégalement réfrangibles dans la lumière qui passait
par le trou, puisque, s’ils eussent été également réfrangibles,
l’image du trou , vue à travers le prisme, aurait dû paraître
circulaire, au moins dans une de ses positions. Cette expérience
est facile à faire , et chacun peut la répéter. Pour que la sépa
ration des couleurs soit bien complète , il faut employer un
prisme dont l’angle réfringent soit considérable , par exemple,
de 5o° ou 6o°, comme nous l’avons déjà remarqué. Il faut de
plus que le trou par lequel la lumière entre dans la chambre
obscure soit très-petit, et que l’observateur en soit éloigné de
cinq ou six mètres. Alors, on tient le prisme devant les yeux,
de manière que ses arêtes soient à peu-près horizontales; puis
on le fait tourner lentement autour de son axe dans un sens et
dans l’autre, ce qui fait tour à tour monter et descendre
l’image; et l’on s’arrête dans la position du prisme où elle est
stationnaire. Alors. si tous les rayons lumineux étaient égale
ment réfrangibles, elle devrait paraître circulaire : son allon
gement, que l’on ne peut méconnaître, est donc une preuve
irrécusable de leur inégale réfrangibilité.