Full text: Traité De Physique Expérimentale Et Mathématique (Tome Troisième)

SgS DECOMPOSITION DE LA LUMIÈRE, 
miles une faible teinte qui était "violette à l’une , et rouge à 
l’autre; mais comme ees faibles teintes pourraient être attribuées 
à quelques inégalités des prismes , elles ne sont point comprises 
dans les mesures précédentes. Puis donc que les mesures, ainsi 
limitées, donnent encore à l’image une longueur cinq fois aussi 
grande que sa largeur, il en résulte, avec évidence, que la dis 
persion des rayons est bien certaine , et ne tient pas à quelque 
erreur ou à quelque cause accidentelle, mais à une inégalité 
dans leur réfrangibilité. 
Newton répéta encore cette expérience d’une autre manière : 
il regarda à travers le prisme l’image du trou, et il observa 
que sa longueur, formée par la série des rayons réfractés, égalait 
plusieurs fois sa largeur. Il vit de plus que la partie de cette 
image qui était formée par les rayons les plus réfractés pa 
raissait violette, et que la partie formée par les rayons les 
moins réfractés paraissait rouge, résultat conforme à celui de 
l’expérience précédente, et qui indique également qu’il existait 
des rayons inégalement réfrangibles dans la lumière qui passait 
par le trou, puisque, s’ils eussent été également réfrangibles, 
l’image du trou , vue à travers le prisme, aurait dû paraître 
circulaire, au moins dans une de ses positions. Cette expérience 
est facile à faire , et chacun peut la répéter. Pour que la sépa 
ration des couleurs soit bien complète , il faut employer un 
prisme dont l’angle réfringent soit considérable , par exemple, 
de 5o° ou 6o°, comme nous l’avons déjà remarqué. Il faut de 
plus que le trou par lequel la lumière entre dans la chambre 
obscure soit très-petit, et que l’observateur en soit éloigné de 
cinq ou six mètres. Alors, on tient le prisme devant les yeux, 
de manière que ses arêtes soient à peu-près horizontales; puis 
on le fait tourner lentement autour de son axe dans un sens et 
dans l’autre, ce qui fait tour à tour monter et descendre 
l’image; et l’on s’arrête dans la position du prisme où elle est 
stationnaire. Alors. si tous les rayons lumineux étaient égale 
ment réfrangibles, elle devrait paraître circulaire : son allon 
gement, que l’on ne peut méconnaître, est donc une preuve 
irrécusable de leur inégale réfrangibilité.
	        
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