40?, DÉCOMPOSITION DE LA LUMIÈRE,
l’inclinaison du prisme est telle, que les incidences et les émer
gences soient égales , l’image formée par ce faisceau sur la
muraille doit être ronde comme l’ouverture elle-même. C’est
aussi ce que l’expérience confirme , comme l’a observé Newton ,
et comme tous les physiciens l’ont aussi observé d’après lui.
Maintenant, si l’on toui’ne lentement le premier prisme autour
de son axe , les rayons qui produisent la sensation des couleurs
diverses, passeront successivement par le trou O, et arriveront
aussi successivement au second prisme abc, précisément suivant
la même direction O O', et par conséquent avec la même inci
dence. On verra donc ainsi se former tour à tour, sur la muraille,
des images rouges, jaunes, vertes, etc. selon que les rayons qui
passeront alors par l’ouverture O se trouveront être ceux qui
donnent la sensation du rouge, du jaune, du vert, etc. Si
donc il est vrai que ces rayons soient inégalement infrangibles s
et que cette propriété leur soit inhérente, ils doivent éprouver,
dans le second prisme, des réfractions inégales, plus fortes pour
les violets, moindres pour les rouges, et intermédiaires pour les
rayons qui produisent les couleurs intermédiaires ; ce dont on
s’apercevra aisément par l’inégale hauteur des images, et par
leur mouvement pour monter ou pour descendre, à mesure
que l’on tournera le premier prisme : toutes ces conséquences
se trouvent encore parfaitement confirmées par les faits.
Enfin Newton réitéra sur ces rayons ainsi séparés la première
expérience que nous avons faite sur les couleurs des corps na
turels. Il fit deux trous au volet de sa chambre obscure , et
y plaça deux prismes tellement disposés, que les faisceaux ré
fractés , tombant tous deux horizontalement sur la muraille,
fussent en contact par leurs extrémités opposées, le violet de
l’un se trouvant contigu au rouge de l’autre. Cela fait, il plaça
dans ces rayons une bande de papier blanc horizontale , d’une
longueur telle, qu’elle recevait sur une de ses moitiés le
rouge d’une des deux images, et sur la seconde moitié le violet
de l’autre. Au-delà de cette bande, à quelque distance, il
étendit un drap noir pour absorber la lumière du reste de
l’image qui aurait pu être réfléchie par les corps environnans.
Alors, s’éloignant du papier, et le regardant à travers un prisme,