4iO DÉCOMPOSITION DE LA LUMIERE.
dividuelles. Chacun de ces rayons , s’il existait seul, nous ferait
voir le disque du soleil vert ou rouge, ou jaune, ou en géné
ral de l’espèce de couleur qu’il est capable de produire. Reçu
dans une chambre obscure , à travers une ouverture circulaire,
et ensuite réfracté par le prisme, il ne se disperserait point,
et en supposant le prisme placé dans la situation qui établit
l’égalité des angles d’incidence et d’émergence, il donnerait une
image circulaire du soleil. Maintenant, lorsque tous ces rayons
sont réunis pour former la lumière naturelle du soleil, si on
les réfracte tous ensemble par un prisme placé relativement à
leur axe moyen, dans la situation que nous avons choisie,
chacun d’eux conservant ses propriétés, doit former une image
circulaire , différente pour la couleur et la position ; et tous ces
petits cercles superposés en partie les uns sur les autres en
nombre infini, depuis la fin du violet jusqu’au rouge extrême ,
doivent produire l’image oblongue que nous observons. C’est ce
que représente la fig. 134, dans laquelle il faut seulement sup
poser qu’il y a un nombre infini de cercles qui se suivent, de
puis le violet jusqu’au rouge extrême, au lieu d’un petit nombre
seulement que l’on a tracés.
Si l’image ainsi dispersée est celle du soleil, dont le dia
mètre apparent est d’environ un demi-degré , chacun de ces
différens cercles, vu du centre de l’ouverture circulaire suppo
sée infiniment petite , sous-tendra aussi un angle d’environ un
demi-degré. Car chaque espèce de rayons simples venus des bords
opposés du soleil forme, en passant par l’ouverture , un cône
dont l’angle au centre est égal au diamètre apparent du disque
de cet astre ; et, en se rompant dans le prisme avec des angles
égaux d’incidence et d’émergence, le cône réfracté a sensible
ment la même ouverture que le cône direct. La grandeur de ces
images consécutives les faisant empiéter nécessairement les unes
sur les autres, il en résulte qu’à la rigueur la lumière n'est nulle
part absolument homogène, si ce n’est tout près des côtés recti
lignes de l’image où les cercles se détachent les uns des autres.
Il est évident que cette superposition est oceasionée uni
quement par l’étendue sensible qu’occupe l’image directe S ,
indépendamment de toute réfraction ; car si cette image était