DÉCOMPOSITION DE LA LUMIERE. 420
réfléchisse des couleurs absolument simples et homogènes,
comme ces expériences mêmes le prouvent, et comme on peut
s’en assurer, puisque toutes ces couleurs peuvent être décom
posées par le prisme, et se laissent résoudre en un spectre où
I on reconnaît plusieurs espèces de nuances. Si donc différens
corps éclairés par une même lumière blanche nous paraissent
avoir des couleurs déterminées, c’est uniquement parce qu’ils
réfléchissent plus abondamment les rayons qui produisent la
sensation de cette espèce de couleur. Alors, quand on les expose
à une lumière bien homogène, où ils n’ont plus à réfléchir que
des rayons d’une seule espèce , il faut bien qu’ils paraissent
tous de la couleur propre à ces rayons , et il n’y a de diffé
rence entre eux que dans la quantité qu’ils peuvent en réflé
chir. Mais si on les expose à une lumière mal séparée, alors
ils choisissent dans les rayons qui les frappent ceux qu’ils sont
les plus aptes à réfléchir; et ces rayons, étant ainsi en plus
grande proportion dans la lumière réfléchie que dans la lumière
incidente, altèrent sensiblement la teinte de celle-ci: au lieu
que cet effet n’arrive jamais quand on expose les corps à une
lumière bien homogène.
On peut répéter cette épreuve d’une manière en quelque sorte
inverse. Si l’on prend deux corps de couleur diverse et qu’on
les éclaire par une même lumière, de laquelle on ait ôté ces cou
leurs-là , ils paraîtront l’un et l’autre de la même teinte. Par
exemple , la couleur de l’or est un jaune presque pur, et celle
de l’argent est le blanc , qui renferme toutes les couleurs. Eclai
rez de l’argent et de l’or par une même lumière naturelle dont
vous aurez ôté le jaune , ils paraîtront de la même teinte.
Pour donner de la rigueur à ces définitions, il faut fixer sur
le spectre l’étendue comparative que chacune de ces couleurs
occupe ; c’est ce que fit Newton : ayant introduit un rayon so
laire dans sa chambre obscure, il décomposa ce rayon par un
prisme de verre avec les précautions indiquées plus haut pour
terminer nettement les côtés rectilignes, et faire disparaître
toute pénombre. Alors si, dans un endroit quelconque de cette