DÉCOMPOSITION DE LA LUMIÈRE. / t 53
composées contenant des proportions connues de lumière simple ;
et il ajoute qu’il en a soigneusement vérifié l’exactitude. C’était
ainsi qu’il procédait toujours , composant les faits isolés pour
en faciliter l’application, et composant ensuite les lois parti
culières pour en déduire les lois générales.
En décrivant la construction que nous venons d’appliquer,
[Newton ne s’est pas contenté de définir par des nombres les
parties de la circonférence qu’il faut assigner aux diverses cou
leurs simples; il a exprimé aussi ces intervalles par les rapports
musicaux, sol, la, fa, sol, la, mi, fa, sol. Les valeurs de
ces rapports, telles qu’on les emploie aujourd’hui dans la musi
que , ne s’accorderaient pas avec les nombres que Newton a
donnés et qu’il a suivis dans sa construction ; mais il n’en faut
pas pourtant conclure que ses deux énoncés ne soient point
d’accord. Car, au temps de Newton, les mêmes notes étaient
souvent employées pour désigner des intervalles différens aux
quels les circonstances assignaient leurs valeurs locales, et ces va
riations bizarres de nomenclatures, connues en musique sous le
nom de muances, sont, dit-on, encore usitées dans quelques
écoles d’Italie. Cela explique pourquoi la même série de notes,
sol, la, fa, sol, la, mi, fa, sol, est employée plusieurs fois dans
l’optique de Newton pour désigner d’autres intervalles tous dif-
féi’ens de ceux auxquels il l’a ici appliquée.
Pour n’avoir pas fait la distinction que je viens d’expliquer,
la plupart des physiciens, et, je crois , même tous ceux qui ont
écrit sur cette partie de l’optique, sont tombés dans une erreur
très-grave. Voyant Newton employer ici des rapports musi
caux , comme il l’avait déjà fait dans la division du spectre, et
trouvant que la traduction numérique de ces rapports dans
le système musical adopté aujourd’hui ne s’accordait pas avec
les nombres donnés par NewTon , ils en ont conclu que Newton
s’était trompé dans l’énoncé de ses nombres , et qu’il avait eu le
dessein de partager la circonférence entre les diverses couleurs
proportionnellement aux espaces qu’elles occupent dans le
spectre. Un seul coup d’oeil sur la figure même, donnée par