454 DECOMPOSITION DE LA LUMIERE.
Newton , aurait dû suffire pour détruire cette idée, car elle est
conforme à son énoncé numérique , et la symétrie qui en ré
sulte entre les espaces attribués au rouge et au violet , à
l’orangé et à l’indigo, au jaune et au bleu, atteste bien une
intention réfléchie; mais tout cela n’a pas pu prévaloir contre
l’idée que l’on s’était faite. On a changé les nombres de Newton
pour les accorder avec cette hypothèse , et l’on a substitué arbi
trairement la division chromatique du spectre à la sienne, sans
s’embarrasser si elle était ou non conforme aA T ec les effets colo-
rifiques des rayons. On a peine à concevoir une correction aussi
peu réfléchie. Newton n’a parlé nulle part de cette prétendue
identité entre les divisions chromatiques du spectre et sa con
struction actuelle, ce qui n’eût été qu’une pure hypothèse; au
lieu qu’il dit formellement qu’il a établi sa règle sur l’expérience ;
et il explique sur quelles expériences elle est fondée. Bien plus,
s’il eût fait ce qu’on suppose , non-seulement les proportions
qu’il eût données auraient été très-différentes de celles qu’il
emploie, et qui lui ont été assignées par l’observation, mais
son mode de division ainsi caractérisé n’aurait eu rien de fixe,
parce que les espaces occupés par les couleurs dans le spectre
ont entre eux des proportions différentes , selon la nature des
substances réfringentes dont on fait usage : au lieu que, dans
sa manière d’opérer, Newton était tout-à-fait indépendant de
ces différences, parce que la lentille qui recevait et concen
trait le spectre réunissait toujours sensiblement au même foyer
toutes les couleurs qui le composaient. Ainsi lorsque Newton
interceptait la moitié, le quart, ou telle autre proportion de
l’une de ces couleurs mesurée sur l’espace qu’elle occupait dans
le spectre, l’effet qui en résultait sur le foyer était tout-à-
fait indépendant de la grandeur absolue de cet espace ,
et par conséquent la couleur résultante aurait été la même en
employant tout autre prisme plus ou moins dispersif. Il faut
donc bien se garder de confondre cette règle donnée par Newton
avec une hypothèse empirique ; elle doit être considérée comme
une véritable loi tirée de l’expérience. Nous aurons bientôt l’oc-