DE L’ACHROMATISME.
477
CHAPITRE III.
De VAchromatisme.
T i a recherche des véritables rapports suivant lesquels la lu
mière se disperse dans les diverses substances n’a pas seule
ment conduit à reconnaître l’erreur de la loi que Newton avait
donnée; elle a fait découvrir encore le moyen de corriger dans
les lunettes la diffusion du foyer produite par l’inégale réfran
gibilité des différens rayons. C’est pourquoi nous allons expo
ser ici, dans le plus grand détail, les preuves qui détruisent
l’assertion de Newton, et en même temps nous exposerons les
expériences qu’il faut lui substituer.
D’abord on peut s’assux-er dix-ectement que la dispersion se
fait par des lois très-différentes dans les différens milieux. Pour
le prouver d’une manière incontestable, nous avons, M. Cau-
choix et moi, construit des prismes avec diverses substances,
et api’ès avoir mesuré leurs angles, nous avons, suivant le pro
cédé indiqué page 214 , observé au cercle l’épéliteur la déviation
des différens rayons, c’est-à-dire , l’angle que ces rayons, après
leur sortie du prisme, formaient avec le rayon incident direct.
Les difféx'ences de ces angles exprimaient les espaces occupés
par les diverses couleurs dans chacun des deux spectres. Or,
leur comparaison montre que ces espaces, compai'és dans les
diverses substances et pour des prismes de même angle ou
d’angles divers , sont bien loin d’être proportionnels entre eux,
comme le voudrait la loi de dispersion donnée par Newton.
Suivant cette loi, toute substance qui réfracte plus forte
ment qu’une autre devrait aussi disperser davantage. Cela est
en effet ainsi pour l’ordinaire, mais non pas toujours. Par
exemple, nous nous sommes assurés que l’huile de térében
thine réfracte moins que le crownglass de France , dans des
circonstances pareilles : cependant nous avons trouvé qu’elle
disperse davantage.