5io de l’achromatisme.
images, et si on se sert de prismes dont l’angle réfringent soit
au moins de quinze degrés, comme nous l’avons toujours fait,
on s’aperçoit bientôt que l’achromatisme rigoureux est tout-à-
fait impossible, excepté dans le cas unique où les deux prismes
sont composés d’une seule et même substance. Car lorsque les
angles refringens des prismes sont très-près de la proportion
qui détermine le meilleur achromatisme, on peut successi
vement faire passer chaque couleur d’un côté à l’autre de
l’image, sans trouver une position intermédiaire dans laquelle
les franges colorées disparaissent entièrement. Cette impossibi
lité prouve de la manière la plus sensible que la dispersion des
rayons lumineux ne se fait pas du tout suivant les mêmes lois
dans les substances dont la nature chimique n’est pas la même,
et elle montre que lorsqu’on a accordé ensemble deux quel
conques des rayons homogènes, de manière qu’ils soient paral
lèles entre eux à leur sortie des prismes , les autres rayons du
spectre se trouvent inclinés par rapport aux autres, et forment
des franges sur les bords de l’objet. D’après cela, il est évident
que pour obtenir des compensations plus parfaites, il faudrait
employer plus de deux prismes. On en emploie jusqu’à trois dans
certaines constructions de lunettes achromatiques ; un plus
grand nombre affaiblirait trop la lumière par les réflexions
successives que leurs surfaces lui feraient éprouver, et d’ailleurs
lorsque l’achromatisme de ces instrumens est déterminé avec
soin par le procédé que je viens d’exposer, leurs imperfections
ne viennent plus de l’inégale réfrangibilité des rayons de
lumière, mais d’une autre cause beaucoup plus influente,
comme nous le dirons en son lieu.
Enfin la quantité absolue de la dispersion mesurée entre deux
couleurs déterminées est aussi variable que la loi même suivant
laquelle les divers rayons se suivent dans chaque spectre. C’est
ce que notre procédé montre clairement par la diverse nature
des franges colorées que l’on obtient quand on compense di
verses substances les unes par les autres.
Lorsque l’on compare ainsi des substances dont les forces
réfringentes sont très-inégales, on trouve en général que leurs