% THÉORIE DES COULEURS
de lumière à leur première surface ; et à la seconde , ils réflé
chissent ou transmettent de préférence certaines couleurs , selon
leur nature chimique et selon leur degré de ténuité. Ces couleurs
ne sont pas simples, car elles se laissent décomposer parle prisme,
et l’on y retrouve les couleurs élémentaires dans des proportions
diverses. Tout le monde connaît les belles couleurs que font voir
ainsi les bulles d’eau savonneuse. On remarque des effets analo
gues sur les bulles de tout autre liquide , lorsqu’elles ont assez
de viscosité pour subsister quelque temps en devenant très-
minces. On les observe encore sur les bulles très-minces de verre
soufflées à la lampe d’émailleur , lorsqu’on les distend presque
jusqu’à les rompre par explosion. Les toiles d’araignée , les
plumes du paon , certaines soies , présentent des apparences
analogues. Plusieurs physiciens , en particulier Hook et Boyle ,
avaient remarqué ces faits bien avant Newton ; mais ils étaient
restés entre leurs mains, isolés et sans fruits. C’est Newton qni
en a découvert les lois , et qui a montré leurs rapports. En ex
pliquant ici ces découvertes, nous adopterons la marche que ce
grand homme a lui-même tracée. Nous mettrons d’abord en
avant les observations 5 non pas au hasard et isolées, mais dans
l’ordre naturel suivant lequel elles s’enchaînent et s’éclairent
mutuellement. Lorsque nous aurons ainsi établi les faits , nous
nous occuperons de les rapprocher et d’expliquer les plus com
posés par les plus simples.
Observations.
Lorsque l’on prend deux prismes de verre poli, et qu’on les
pose l’un sur l’autre , sans les presser , la petite couche d’air qui
adhère naturellement à leur surface , a ordinairement déjà
toute l’épaisseur nécessaire pour que son action sur la lumière
soit complète ; car les phénomènes de la réflexion et de la ré
fraction à travers ces deux prismes et à ti’avers cette couche
d’air, suivent exactement les lois que nous avons établies dans les
chapitres précédens ; et si l’on écartait davantage les deux
surfaces voisines, l’épaisseur plus grande de la couche d’air n’y
apporterait aucune différence. Mais si l’on frotte les deux prismes