EXPLICATION LES COULEURS PROPRES
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solaire réfléchi du dehors; car toutes paraîtront translucides ,
si elles sont suffisamment amincies. On observe la même chose
quand on regarde de pareilles lames au microscope, en les éclai
rant par-dessous d’une vive lumière. Si nous ne pouvons pas,
par ces procédés, amener les métaux blancs à la transparence,
c’est sans doute parce que nos moyens mécaniques sont trop
grossiers pour leur donner le degré de ténuité convenable;
mais du moins nous y parvenons en les dissolvant, même en
grande abondance , dans des acides; et cela suffit pour mon
trer que leur opacité, dans l’état solide , ne tient pas à une pro
priété élémentaire et essentielle de leurs particules , mais plutôt
à leur disconliguité et au grand excès de leur force réfringente
sur celle du milieu quelconque, qui existe entre elles. Car nous
avons déjà plusieurs fois remarqué que la réunion de ces deux
circonstances suffit pour produire rapidement l’opacité en mul
tipliant les réflexions.
Il se pourrait même que dans les corps qui nous paraissent
les plus denses, la capacité des interstices surpassât plusieurs
milliers de fois le volume des particules matérielles. En effet >
supposez que les dernières particules élémentaires et impéné
trables , qui constituent les principes des corps , soient réunies
en groupes deux à deux , trois à trois, quatre à quatre , ou da
vantage, de manière que , dans chaque groupe, il y ait entré elles
de certains intervalles , et que les différens groupes aient entre
eux des intervalles beaucoup plus grands : ces groupes eux-
mêmes pourront à leur tour être considérés ensemble deux à
deux, trois à trois, quatre à quatre, de manière à former en
core des groupes plus grands et séparés les uns des autres par
de plus grandes distances. Or, si l’on conçoit les molécules élé
mentaires très-denses , on pourra, en multipliant ainsi les
ordres de groupes successifs, composer des systèmes qui offrent
tous les degrés de densité et de rareté que l’on voudra. En sup
posant , par exemple, que dans chaque ordre la somme des
espaces compris entre les groupes fût seulement égale à leur vo
lume total,un corps qui aurait un seul ordre de pareils groupes
ne contiendrait que \ de son volume de matière; avec deux