î54 DU RETOUR DES RAYOWS RÉFLÉCHIS
ces lames, sans s’y réfléchir de nouveau partiellement. On con
çoit , en effet, que si elle y éprouvait une réflexion sensible,
elle se trouverait beaucoup plus affaiblie qu’elle ne l’est ; et,
en outre , les faisceaux colorés qui rentreraient dans la lame se
mêleraient avec la lumière incidente , et troubleraient la régu
larité des anneaux. En général, dans la discussion des phé
nomènes qui dépendent du retour des accès après la réflexion,
Newton a toujours raisonné comme si les molécules lumineuses
réfléchies se trouvaient dans le point de réflexion précisément au
milieu d’un accès ; et cela suffit, en effet, pour les observations
qu’il rapporte , parce qu’étant faites , pour la plupart, sous des
incidences très-petites , les forces réfléchissantes qui y intervien
nent sont toujours très - faibles : mais on voit par la théorie
qu’il n'en serait plus de même dans les cas où ces forces seraient
beaucoup plus énergiques ; car alors les molécules lumineuses
pouvant être réfléchies par la seconde surface dans des phases
extrêmes d’un accès de facile réflexion, fig. 27 , celles qui seront
réellement réfléchies vers la fin d’un tel accès se retrouveront
encore dans un autre accès pareil, quand elles reviendront à la
première surface ; et par conséquent, si elles y sont déjà suffi
samment avancées, elles pourront être réfléchies de nouveau
intérieurement : c’est aussi ce que l’expérience confirme. Lors
qu’un trait de lumière, après avoir pénétré dans une plaque
épaisse d’eau ou de verre, à faces parallèles, se réfléchit partiel
lement à sa seconde surface, et revient vers la première sous une
incidence presque perpendiculaire, le faisceau réfléchi sort tout
entier par cette surface : de sorte que l’on n’aperçoit qu’une
seule image réfléchie ; mais il s’y réfléchit partiellement si l’on
incline assez la plaque sur les rayons incidens pour augmenter
suffisamment la force réfléchissante. Aussi voit-on naître alors
plusieurs images résultantes des réflexions successives , et dont
l’intensité va graduellement en augmentant à mesure que l’in
cidence devient plus oblique et les forces réfléchissantes plus
considérables. Tous ces phénomènes sont, comme on voit, des
conséquences nécessaires de la théorie des accès ; et sans elle
ou ne pourrait ni les prévoir , ni les enchaîner.