2 g THÉORIE DES COULEURS
incidens deviennent plus obliques ; par conséquent, si 1 on
observe un même point de la lame d’air successivement sous
différentes obliquités, les couleurs qui passeront par ce point
seront celles qui précédemment étaient réfléchies par des épais
seurs moindres. Ainsi l’on peut dire qu’en rendant les rayons
incidens plus obliques sur la lame d’air, on produit le meme
effet que si cette lame devenait plus mince.
Pour pouvoir faire un usage commode et sûr de ces résultats,
il faut tâcher de les lier par une loi analytique qui les repré
sente , sinon d’une manière rigoureusement exacte, au moins
suffisamment approchée pour l’observation. Si nous examinons
ïa série des épaisseurs de l’air rapportées dans la dernière co
lonne , nous voyons que cette épaisseur va en augmentant à
mesure que l’angle d’émergence du rayon dans la lame d’air
augmente , et qu’elle devient déjà double de sa valeur primi
tive , lorsque l’émergence est de 6o°. Or , la sécante de l’angle
de 6o° est précisément double du rayon, et la sécante de o°
est égale au rayon même. Par conséquent, s’il ne s’agissait que de
représenter ces deux observations, on pourrait supposer que
l’épaisseur de la lame d’air est proportionnelle à la sécante de
l’angle d’émergence dans l’air ; e’est-à-dire qu’en nommant r
cet angle , et e l’épaisseur primitive, quand r est nul, on aurait
en général
t . , e
e =2 e sec r, ou, ce qui revient au meme, e ;
cos r
car la sécante d’un angle est égale au carré du rayon des tables
divisé par le cosinus de cet angle.
Cette expérience représenterait encore assez bien les termes
intermédiaires entre r ~ o et r~6o°, comme on peut s’en
assurer en calculant les nombres qu’elle donne entre ces limites ;
mais elle serait inadmissible pour des valeurs plus grandes de r ;
car à 90° , par exemple, cos r devenant nul, elle donnerait
l’épaisseur de l’air infinie , tandis qu’elle égale à environ douze
fois l’épaisseur primitive. Il faut donc dans notre formule sub
stituer à l’angle r un autre angle que nous nommerons u , et
qui satisfasse aux deux conditions d’être nul en même temps
que r, et de s’écarter d’autant plus de r que r lui-même devient