S8o POLARISATION DT LA LUMIERE
alors que la portion de lumière dont ces couleurs se composent
sortait des corps avec une polarisation tout-à-fait confuse ; au
lieu que M. Arago a remarqué qu'une portion fort considé
rable sortait de tous côtés polarisée parallèlement à la sur
face des corps, et perpendiculairement au plan d’émergence,
ce que j’ai eu, en effet, depuis , l’occasion de -vérifier. Nous ne
connaissions rien de plus sur le mode de polarisation que les
métaux exercent, lorsque M. Brewster m’écrivit qu’en faisant
réfléchir plusieurs fois sur des lames d’argent ou d’or un trait
de lumière primitivement polarisé, cette lumière se modifiait
de manière qu’en l’analysant avec un prisme de spath d’Is
lande , elle se divisait en deux faisceaux colorés différemment.
Je m’empressai de vérifier cette observation remarquable, à
l’aide de mon appareil général, fig. 2 , én introduisant de
pareilles lames dans le trajet du rayon polarisé ; et, pour
mieux distinguer la nature des teintes , je fis tomber, sur
la première glace , la lumière blanche des nuées. Alors, en
-variant les incidences des rayons sur les lames , il me fut facile
de reconnaître que les teintes dans lesquelles le faisceau réflé
chi se divisait étaient précisément celles des anneaux colorés
réfléchis et transmis ; et que, sous ce rapport, autant que
par le sens de la polarisation, ces phénomènes suivaient abso
lument les lois de la polarisation mobile, qui s’observent dans
les lames minces cristallisées. Je communiquai cette analogie à
la première Classe de l’Institut le 27 mars 1815, en lui rendant
compte de la nouvelle découverte de M. Brewster ; et je m’em
pressai d’en faire part aussi à cet habile physicien. Mais à cette
époque, les communications avec l’Angleterre ayant été inter
rompues , je suivis, de mon côté, ce travail, et le 15 mai je lus
à l’Institut les recherches suivantes, desquelles il résulte que
l’argent,ainsi que les autres métaux, modifient la lumière qu’ils
réfléchissent, exactement comme les cristaux doués de la double
réfraction modifient celles qu’ils réfractent, le nombre des
réflexions successives répondant à des épaisseurs plus ou moins
grandes du cristal.
Mais, par un hasard qui ne doit pas surprendre dans un