RAPPORTS DE LA LUMIERE
C>ob
mette entre les deux miroirs, si l’on emploie un thermo
mètre d’air fort sensible , on voit l’effet thermométrique repa
raître subitement dès que l’écran est ôté. Cette expérience,
ainsi que la disposition des miroii’S conjugués, est due à MM. de
Saussure et Pictet de Genève. Mais la première observation
sur la réflexion du calorique est due à Mariotte , qui a indi
qué aussi la nécessité de distinguer le calorique obscur et le
calorique lumineux. {Traité des Couleurs, pag. 288. 1717.)
C’est ici le lieu de décrire deux instrumens thermométriques
très-ingénieux et très-appropriés à ce genre de recherches.
Pour sentir ce qu’ils ont d’utile, il faut considérer que l’em
ploi du thermomètre simple, quelque sensible qu’on le fasse,
est toujours sujet ici à quelque incertitude ; car, lorsqu’on le
voit monter d’une quantité, qui est parfois fort petite, on ne
peut jamais être sûr que son mouvement soit uniquement
produit par la cause calorifique que l’on observe, plutôt que
par un très-petit changement de température dans le milieu
ambiant. On conçoit que cette incertitude n’existerait pas si
l’on avait un instrument qui ne pût être affecté que par l’in
fluence de cette source , ou plutôt par l’excès de son influence
sur celle de l’air environnant. Tel est l’avantage du thermo
mètre différentiel de M. Leslie, et du thermoscope de Rumford.
Le premier de ces instrumens est représenté fig. 55. Pour
le former (1), on prend deux tubes de verre de longueurs iné
gales, terminés l’un et l’autre par une boule creuse , et dont
le calibre va en s’élargissant un peu à l’extrémité opposée :
on introduit dans la boule du plus long tube une petite
quantité d’acide sulfurique coloré avec du carmin. On joint
ensuite les tubes à la flamme du chalumeau, et on les courbe
de manière à leur faire prendre la forme de la lettre U. On a
soin que l’endroit où l’un des tubes est infléchi se trouve pré-
(1) Cette description est celle que M. Leslie lui-même a donnée dans son
ouvrage sur la chaleur, et qui a été traduite par M. Prévost de Geuève. II
paraît que cet instrument, employé d’abord par l’auteur sous le nom de
photomètre, est antérieur au thermoscope, dont nous donnerons tout,
à l’heure la description.