RAPPORTS DE LA LUMIERE
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mode d’action générale de la lumière. En un mot, on peut
concevoir que la faculté calorifique et chimique varie dans
toute l’étendue du spectre en même temps que la réfrangi
bilité , mais suivant des fonctions différentes ; de manière que
la faculté calorifique soit dans son minimum à l’extrémité vio
lette du spectre, et dans son maximum, à l’extrémité rouge ;
tandis qu’au contraire la faculté chimique, exprimée par une
autre fonction, aurait son minimum à l’extrémité rouge, e|
son maximum à l’extrémité violette , ou même un peu au-delà,
Cette seule supposition, qui n’est que l’expression la plus sim
ple des phénomènes , satisfait parfaitement à tous ceux que
nous venons de rapporter dans ce Chapitre, et même elle per
met d’en prévoir la plupart, d’après les seules analogies. En effet,
si tous les rayons qui produisent la vision, la chaleur et les
combinaisons chimiques , sont également de la lumière , il faut
bien qu’ils se réfléchissent tous sur des corps polis, et qu’ils s’y
réfléchissent suivant la même loi, en formant l’angle de réflexion
égal à l’angle d’incidence ; d’où il résulte qu’ils seront concentrés
de même, ou dispersés par les miroirs concaves ou convexes.
Il faudra encore qu’ils se polarisent tous en traversant un cristal
doué de la double réfraction, ou en se réfléchissant sur une
glace avec une incidence déterminée ; et quand ils auront reçu
ces modifications , il faudra bien qu’ils se réfléchissent sur une
autre glace , si elle est placée convenablement pour que sa force
réfléchissante sur les molécules lumineuses soit efficace. Et, au
contraire, si cette force ne produit aucun effet sur les molé
cules lumineuses visibles , la lumière invisible ne se réfléchira
pas davantage ; car la cause qui fait que la réflexion s’opère ou
ne s’opère pas parait s’exercer également sur toutes les molé
cules, quelle que soit leur réfrangibilité, et ainsi elle doit s’exer
cer encore sur les molécules de lumière invisible, la condi
tion d’invisibilité ou de visibilité n’étant relative qu’à la consti
tution de nos yeux, et non pas à la nature des molécules
mêmes qui produisent en nous ces sensations. Enfin, puisque,
selon les observations de De Laroche, le calorique obscur, émané
d’un corps que l’on échauffe graduellement, approche aussi