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cher les molécules de la surface de celles qui sdnt au-dessous.
Car, en éprouvant, sous ce point de vue , la limaille qui sort de
l’âme des canons de bronze lorsqu’on les fore, Rumford a
trouvé qu’elle avait sensiblement la même chaleur spéci
fique que le bronze même , quoiqu’il se fût dégagé pendant
sa formation une quantité énorme de chaleur; d’où l’on doit
conclure que cette chaleur existait uniquement entre les molé
cules solides du bronze , c’est-à-dire entre les petits groupes de
ces particules que l’outil avait séparés. Or, s’il en est ainsi,
cette quantité de chaleur doit varier également toutes les fois
que le corps se dilate ou se resserre; et cet effet, qui se com
bine avec la chaleur dégagée par le seul changement de tempé
rature , peut fort bien n’être pas aussi faible qu’on l’imagine
communément. Tant que ces deux effets ne seront pas séparés
par l’expérience , les chaleurs spécifiques, telles qu’on les
observe, seront des résultats composés; et peut-être est-ce
cette composition qui a jusqu’à présent empêché d’y décou
vrir aucune relation évidente avec la nature chimique des
corps.
Ces considérations , évidentes surtout pour les vapeurs et
les gaz , ont conduit M. Dulong à chercher des procédés qui
donnassent des effets simples, et il y est parvenu pour les
vapeurs au moyen d’un appareil extrêmement ingénieux, dont
je vais donner la description.
Il consiste essentiellement dans un matras de verre Y, fig. 70,
où l’on place le liquide dont on veut étudier les vapeurs. A une
certaine hauteur, le col de ce matras se divise en deux tubes,
qui peuvent être fermés par les robinets rr , et dont chacun
communique à un récipient de machine pneumatique conte
nant une capsule d’acide sulfurique concentré. Au commen
cement de l’expérience , on ferme les robinets rr', et on fait
le vide dans les deux récipiens ; puis on ouvre un seul des deux
robinets, r par exemple , et le liquide contenu dans V rem
plit aussitôt cet espace de ses vapeurs. Mais l’acide placé dans R
absorbant ces vapeurs à mesure qu’elles se forment, en néces
site le renouvellement continuel ; et comme elles ne peuvent
prendre de chaleur qu’au liquide dont elles émanent, il s’opère