84 THÉORIE DES COULEURS
chaque anneau composé, et les concentrer, pour ainsi dire, en un
même anneau, jusqu’à produire enfin du blanc, si l’incidence
des rayons est telle que les rayons violets compensent,par leur
excès d’obliquité, la petitesse primitive de leurs anneaux. Alors
on ne doit plus observer que des anneaux blancs séparés par des
intervalles obscurs. Mais , en continuant à tourner les prismes
dans le même sens, si l’incidence augmente encore, l’excès d’obli
quité que les rayons violets acquièrent par la réfraction donne
à leurs anneaux une dilatation plus que suffisante pour les éga
ler aux anneaux l'ouges ; ils doivent donc alors se séparer du blanc
en dehors des anneaux , et un pareil effet se produisant progres
sivement sur toutes les autres couleurs jusqu’au rouge, celle-ci
doit rester en arrière, et, dégagée des autres, former le périmètre
intérieur de l’anneau composé. Il serait même facile de calculer
toutes les successions de ces changemens , d’après les lois sui
vant lesquelles les anneaux s’étendent sous des inclinaisons di
verses , en les combinant avec celles de la dispersion de la
lumière produite par la réfraction du pi’isme : et réciproque
ment on pourrait, par des observations de ce genre , détermi
ner l’accroissement que l’étendue des anneaux éprouve par les
acçroissemens d’obliquité. Ce procédé paraît être un ceux qu’a
employés Newton pour calculer les derniers nombres de la
table rapportée dans la page 24.
En développant l’expérience que nous venons de détailler,
Newton fait remarquer une circonstance qui dénote bien l’ob
servateur ingénieux et attentif ; c’est que, pour voir nettement
les anneaux blancs et noirs , il faut ne pas les regarder de près,
mais à une certaine distance; car, lorsqu’on les regarde de trop
près, non-seulement ils deviennent confus, mais encore on voit
paraître du violet au périmètre extérieur de chaque anneau
blanc, et du roxxge à son périmètre intérieur. La raison de
cela, dit-il, c’est que les rayons qui ari’ivent dans l’œil par
différens endroits de la prunelle , ont différentes obliquités
par i-apport aux verres, et que les plus obliques, s’ils étaient
considérés à part, feraient paraître les plus grands anneaux;
cette expansion est d’autant plus grande, que la différence