1 [\1 ce qu’est l’état élastique de la matière.
instant, construire idéalement la particule en fonction de la
configuration visible au même instant, y ajoutât-on la connais
sance parfaite des rapports qui lient l’invisible au visible; puis
qu’une infinité d’états visibles successifs peuvent influer, pour
des parts distinctes, sur chaque configuration moléculaire interne
(même abstraction faite de l’agitation calorifique, ou en imaginant
les molécules maintenues dans leurs situations moyennes).
Ainsi, se donner les diverses configurations apparentes de la
particule équivaut seulement (et encore dans un solide assez peu
déformé pour garder inaltérée sa contexture élastique) à se donner
les configurations moléculaires qui se réaliseraient et subsisteraient
si, comme il vient d’être dit, chacune des figures visibles suc
cessives de la particule, une fois produite, se conservait indéfini
ment. Dans un fluide, cela n’équivaut même qu’à se donner les
configurations isotropes, ou intérieurement pareilles en tous sens,
que prendrait et garderait la particule (avec échanges possibles de
rôle ou de place entre molécules), si les déformations visibles
s’arrêtaient, aux divers moments du phénomène. Les écarts entre
la configuration interne vraie de la particule, à chaque instant, et
sa configuration idéale d’équilibre intérieur ou de repos pour la
place qu’elle occupe alors, croissent, naturellement, avec la rapi
dité du mouvement de déformation : ils ne s’annuleraient en toute
rigueur que lors de déformations visibles infiniment lentes.
Gela posé, dans la plupart des solides déformés entre leurs
limites d'élasticité ou sans altération de contexture (c’est-à-dire
reprenant leur figure première après suppression des actions
déformalrices), et dans les fluides proprement dits ou non vis
queux, les écarts dont il s’agit ici, qui empêchent la configuration
interne d’une particule d’être la même fonction de sa figure visible
actuelle à l’état de mouvement qu’à l’état de repos, sont néan
moins assez faibles, sauf lors de déformations extrêmement ra
pides ; et ils n’ont pas une influence notable, en dehors des phéno
mènes où s’accuse le petit frottement intérieur des fluides ou des
solides. On peut donc, avec une certaine approximation, les
négliger et, abstraction faite de l’agitation calorifique, regarder la
configuration interne de chaque particule comme dépendant uni
quement du changement visible de volume et de forme éprouvé à
partir d’un état primitif censé connu, si la particule est solide, ou