4g4 ALTÉRATION DES PÉRIODES VIBRATOIRES ; PHÉNOMÈNE DE ZEEMANN.
suivant les divers sens, soit persistantes, soit passagères, mais produc
trices d’elfets permanents), puisse atteindre dans un corps non seu
lement les groupes de molécules, mais aussi, parfois, si elle devient
assez intense, les molécules elles-mêmes, aux vibrations intérieures
desquelles paraissent dues spécialement les radiations caractéristiques
de ce corps. Par suite, si molécules ou groupes moléculaires ont indi
viduellement, à l’état naturel, des axes de symétrie les rendant aptes
à vibrer suivant plusieurs sens avec la même période, ou permettant
à l’équation caractéristique de leurs périodes vibratoires d’avoir
des racines égales, comme nous avons vu (t. I, p. 313) qu’en admet
tait, par exemple, dans le refroidissement des corps de révolution,
l’équation caractéristique des coefficients d’extinction propres aux
diverses solutions simples, une légère hétérotropie survenant pourra
altérer ces périodes, très peu sans doute, mais inégalement suivant
les sens, qui cesseront d’être pareils; et elle les dédoublera ainsi en
racines distinctes, d’un degré de multiplicité moindre que la primitive
racine commune, mais correspondant, en revanche, à des mouve
ments plus polarisés, à des vibrations de forme et d’orientation plus
précises. Or, de là résultera évidemment la présence, dans le spectre
à raies du corps, de deux ou de trois radiations différentes, quel
quefois même d’un plus grand nombre, ayant, chacune, une polarisa
tion définie, à la place d’une seule radiation, de période presque
identique, mais de direction vibratoire moins déterminée, offerte par
le spectre naturel du corps. On s’explique donc de cette manière
générale, sans préjudice de théories particulières plus précises et
plus détaillées, les divisions d’une raie unique en doublets, triplets,
quadruplets, polarisés, que Zeemann, Cornu, M. Henri Becquerel et
d’autres physiciens ont observées dans les spectres de corps amenés
à l’état de gaz incandescents et soumis à une action magnétique in
tense ( x ). (*)
(*) Comme il y aura toujours de petites causes pour altérer légèrement, en
sens divers, la constitution des molécules ou des groupes de molécules, et que
1 ''agitation même, à défaut d’autres, en sera une, les périodes vibratoires
s’écarteront toujours un peu, çà et là, dans un corps lumineux, de leurs valeurs
moyennes, surtout lorsque grandira l’amplitude des vibrations. Ainsi s’explique
la largeur sensible, même dans les gaz incandescents, des raies brillantes consti
tuant leurs spectres d’émission, et l’accroissement de cette largeur quand la
température s’élève.