186 MÉMOIRES SCIENTIFIQUES DE PAUL TANNERY.
définissait l’âme comme une harmonie, ce qu'on peut rapprocher
de la citation d’Aristée qui précède. En tout cas, nous avons
d’autres témoignages un peu plus précis.
Théon (Mus. 49) dit que Philolaos s’était longuement étendu
sur les propriétés de la décade et les Théologoumènes (X), que
d’après lui on l’a appelée foi; toutefois, le texte ne permet pas
de décider s’il lui avait en réalité donné ce nom, ou si quelque
néopythagoricien avait trouvé dans son langage un motif suffi
sant pour adopter cette synonymie.
Les Théologoumènes (IV) citent encore un fragment du Livre
De la Nature, d’après lequel Philolaos distinguait dans l’homme
quatre parties primordiales, le cerveau, le cœur, le nombril, les
organes génitaux. Ici nous rencontrons, dans ce quaternaire, un
type d’énumérations semblables des choses qui sont au nombre
de trois, quatre, cinq, etc., énumérations fréquentes dans les
divers documents relatifs aux pythagoriciens. C’est principale
ment sous cette forme qu’ils présentaient les propriétés des nom
bres relativement à la Physique ; on doit y voir surtout un pro
cédé mnémotechnique pour le classement des connaissances de
toute sorte, mais l’emploi systématique de ce procédé conduisit
naturellement à attribuer aux nombres des propriétés mystiques.
On peut remarquer au reste que le même procédé se retrouve
chez les peuples les plus différents 1 , et que, chez les Hindous,
il a été l’origine de la synonymie employée pour le système de
numération suivi dans les slokas de Brahmegupta.
D’après Théon (Mus. 49), Àrchytas aurait écrit un Livre spécial
Sur la décade; après lui, les Théologoumènes (VII) citent un
Livre Sur Fhebdomade du pythagoricien Proros. D’après Jam-
1. Par exemple, dans les Proverbes de Salomon, dans les Triades des
bardes cambriens, etc,