38. — sur l’arithmétique pythagoricienne. 197
Pour le nombre, Nicomaque donne trois définitions : l’une (un
système d'unités) est attribuée par Jamblique à Thaïes, qui l’au
rait, prétend-il, empruntée aux Egyptiens; une autre (une plura
lité déterminée) serait celle d’Eudoxe; Jamblique ne parle pas de
la troisième [une réunion (yu[/.a) en quotité, composée d'unités) ;
elle doit être postérieure à celle d’Euclide (une pluralité compo
sée d’unités).
La définition de Tlialès, qui s’applique exclusivement aux nom
bres entiers, en en distinguant d’ailleurs l’unité, est restée de
fait classique à côté de celle d’Euclide, moins simple et ne disant
guère plus. Celle d’Eudoxe témoigne, à mon sens, d’un progrès
notable dans le concept du nombre ; car une pluralité peut être
composée, soit d’unités, soit de parties, et l’indétermination
laissée par la définition est évidemment calculée ; la notion du
nombre, conçu comme indifféremment entier ou fractionnaire,
doit donc remonter jusqu’à Eudoxe.
La définition d’Euclide, malgré l’apparence, ne constitue pas
un pas en arrière; car, dans ses Livres arithmétiques, le géomè
tre traite des propriétés des nombres entiers, et il était naturel
qu’il restreignît, dans sa définition, le concept déjà formé du
nombre rationnel.
La troisième définition donnée par Nicomaque, et que l’on
peut regarder comme stoïcienne, se distingue par la priorité
donnée au concept de quotité (ttocoV/iç) substitué à celui de plura
lité (ttXyîÔoç) qui, dans le langage ordinaire, ne se distinguait
guère de celui du nombre entier ; cette définition paraît donc
conçue parallèlement à une autre applicable au nombre fraction
naire.
Les Eléments d’Euclide étant devenus classiques, le concept
ne fit aucun progrès dans la période qui suit le commencement
de 1’ ère chrétienne, et le langage ne devint nullement plus précis.