38. — sur l’arithmétique pythagoricienne. 199
ni quelque perfectionnement sérieux dans le mode d’exposition
de ce qui était connu avant eux; bien au contraire, l’absence
de toute démonstration réelle, l’appel constant à l’intuition ou
à l’induction, sont des signes qui marquent que le niveau des
études baisse au lieu de s’élever.
Pour être juste à leur égard, il convieut de remarquer que
sans doute ils n’avaient pas de modèle qui put les guider, du
moment où ils n’adoptaient pas la forme euclidienne, c’est-à-dire
l’appareil géométrique pour la démonstration des propriétés des
nombres. Cet appareil fut adopté dès la rédaction des plus
anciens Eléments arithmétiques (bien antérieurs à Euclide) parce
qu’il était déjà connu et familier, parce qu’on n’en avait pas
d’autre. Thymaridas ouvrit une voie nouvelle, et quand on étudie
dans Aristote le symbolisme des lettres employées pour repré
senter des objets de la pensée, on doit se dire qu’il ne fallait
alors qu’un pas aux Grecs pour arriver à l’algorithme de Viète.
Ce pas, c’était aux Pythagoriciens, semble-t-il, qu’il incombait de
le faire; ils faillirent à leur rôle et usèrent leurs efforts dans des
rêveries mystiques sans issue.
Si l’un d’eux était parvenu à composer un Traité d’Arithmé-
tique, dont les propositions fussent rigoureusement démontrées
sans recours à l’appareil géométrique, ce Traité serait sans aucun
doute devenu classique et aurait fait oublier les Livres arithmé
tiques d’Euclide ; des Ouvrages comme ceux de Nicomaque et
de Jamblique n’auraient pas eu le succès qu’ils ont eu, bien plus
ils n’auraient sans doute pas été écrits ; enfin Diophante, au lieu
appartenant, l’invention de notre Table de multiplication à double entrée ;
rien n’est moins exact. Si d’ailleurs il s’étend longuement sur les relations
des nombres de cette Table, il n’est nullement prouvé qu’elle ait été employée
dans l’antiquité pour un but pédagogique; en tout cas, Nicomaque suppose
le calcul connu de ses lecteurs.