•266 MÉMOIRES SCIENTIFIQUES DE PAUL TANNERY.
les Babyloniens ; son emploi par des observateurs chaldéens con
firme sérieusement cette indication. Mais on ne conçoit guère
alors comment la progression sexagésimale n’aurait pas été
appliquée à la division de la coudée, alors surtout que les Baby
loniens partageaient leur coudée royale en 3o doigts. D’autre
part, les observations citées par Ptolémée ne sont pas décisives,
car l’école astronomique qui llorissait sous les Séleucides avait
certainement reçu la culture grecque; elle avait donc pu intro
duire une unité spéciale étrangère à l’antique tradition, d’après
laquelle le doigt ne nous apparaît que comme le douzième du
diamètre de la lune.
Nous ne pouvons cependant guère supposer une invention
grecque, nous sommes donc renvoyés aux Egyptiens ; mais alors
la division en 180 ou trois fois 60 ne paraît correspondre à aucune
des habitudes métrologiques des riverains du Nil ; si donc il est
prudent de réserver le jugement définitif, jusqu’à ce que de nou
veaux déchiffrements de tablettes d’argile ou de papyrus permet
tent de résoudre la question, il faut reconnaître que la probabilité
penche plutôt en faveur d’une invention chaldéenne.
Quoi qu’il en soit, l’emploi de cette unité spéciale de la coudée
a dû être lié à celui d’un instrument spécial, servant à la mesure
des petites distances, et gradué en doigts. Cet instrument diffé
rait nécessairement du cercle divisé, celui-ci nous apparaissant
comme toujours gradué en degrés.
Si l’on se reporte à la description que donne Ptolémée de la
dioptre employée par Hipparque pour la mesure du diamètre du
Soleil et de la Lune, on peut se faire une idée de cet instrument.
La dioptre d’Hipparque consistait en une règle de quatre coudées
de long, sur laquelle se mouvait une autre règle plus petite,
perpendiculaire, de hauteur fixe, de façon que la connaissance
de sa distance à l’œil permettait de conclure l’angle sous-tendu.