278 MÉMOIRES SCIENTIFIQUES DE PAUL TANNERY.
milieu du quinzième siècle, un manuscrit antérieur, prototype de
A et véritable chef de la classe. Quelque espoir de le retrouver
n’était donc pas perdu ; toutefois, après révision des notices que
j’avais déjà réunies, je me suis décidé à ne pas entreprendre,
dans les endroits où l’on me signalait la possibilité d’une trou
vaille (comme au couvent de Grotta-Ferrata), des recherches dont
le succès eût été très improbable en tout cas; je me suis en effet
convaincu que si le prototype de A existe encore, on doit le
reconnaître dans le manuscrit de Madrid que j’ai désigné par M.
La parenté immédiate de M et de A peut se conclure avec cer
titude de ce que Diophante est suivi, de part et d’autre, des mêmes
traités euclidiens, avec les mêmes particularités pour les titres.
Quant à l’antériorité de M, on peut la présumer d’après les motifs
suivants, en dehors de l’opinion d’Iriarte sur son âge :
i° Le texte de Diophante y présenterait partout Y iota adscrit,
ce qui indiquerait qu’il aurait été directement copié sur un arché
type du huitième ou neuvième siècle ;
2 0 Les traités euclidiens qui suivent seraient d’une autre main
(car ce manuscrit paraît également être un recueil factice), tandis
que dans A ils sont de la même main que le texte de Diophante.
Je n’ai pas besoin d’insister sur l’intérêt que présenterait un
examen circonstancié de M ; toutefois il est peu probable que la
collation en permette d’améliorer réellement le texte de Dio
phante, car il ne faut pas oublier la singulière concordance de A
avec B, lequel dérive, par une autre voie, de l’archétype primitif.
M fournirait surtout d’anciens scholies, notamment plus nombreux
que dans A, à en juger du moins d’après les indications d’Iriarte.
3. Quant aux cinq derniers manuscrits de la classe A, j’estime
que V a été directement copié sur A et qu’à son tour il a été la
source immédiate au moins des trois suivants qui paraissent