MÉMOIRES SCIENTIFIQUES DE PAUL TANNERY.
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sent les Theologumena et qui font ressortir le rôle dans la nature
des nombres de la décade et les analogies harmoniques qui en
résultent.
C’est en particulier dans les quaternaires que Théon montre
l’existence des rapports musicaux, géométriques et harmoniques,
ê£ wv xai y) tou %avxoç ар[лоvia gvvsgtyi (II, 38 ; H, 96 ; D, 156, 20), mais
les nombres particuliers de 1 à 10 lui offrent l’occasion de ces
rapprochements physiques, éthiques, théologiques qui, dès cette
époque, avaient été singulièrement multipliés et que les traditions
faisaient remonter aux Pythagoriciens.
C’était là véritablement le summum désirable et désiré de la
science d’alors ; la question spéciale de l’harmonie des sphères, en
tant que détermination effective des sons à attribuer aux planètes,
était loin d’exciter le même intérêt et n’avait nullement donné
lieu à une solution acceptée ; ce qu'en dit Théon lui-même suffit à
le prouver.
Si mon hypothèse est exacte, elle aurait cet intérêt de per
mettre d’attribuer nommément à Thrasylle, d’après le témoi
gnage exprès de Théon à la fin du texte actuel, la série des chapi
tres II, З7 à 49.
En résumé, je considère comme acquis que l’ouvrage de Théon,
à la suite de la scission des deux moitiés, nous est parvenu plus
ou moins remanié, mais probablement plutôt augmenté que mu
tilé. Dans ces conditions, la critique du texte doit être conduite
avec une extrême prudence.
Sans doute, en dehors des grandes interpolations que j’ai
signalées, il est probable qu’il y en a un certain nombre de peti
tes. Hiller en a signalé quelques-unes; on pourrait aller plus loin
dans cette voie et marquer comme suspecte plus d’une phrase qui
semble venue de la marge.
Mais il faut remarquer que Théon est lui-même un compilateur,